Évidemment pas! Mais la question a le mérite de nous inviter à réfléchir sur la perception publique qu’on a de la simplicité volontaire. Car derrière le mot « secte », employé d’ailleurs souvent à tort, ce qu’on reproche ou ce qu’on craint serait une sorte d’embrigadement, de pensée totalitaire, de marginalisation ou pire, d’enfermement.
Or rien de cela ne correspond à la pratique de la simplicité volontaire. On n’adhère à cette « philosophie de vie » ou à ce
« style de vie » que parce qu’on le veut bien (le mot « volontaire » n’est pas là pour rien!), parce qu’on pense y trouver plus d’avantages que d’inconvénients. Il n’y a ni recruteurs, ni gourous, ni supérieurs, ni même de règles qui permettraient de juger ce qui est bien et ce qui est mal. Personne n’a l’autorité de dicter une conduite, de définir une orthodoxie ou même de départager qui peut se dire simplicitaire et qui n’en aurait pas le droit. Même le Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV), seule structure que nous nous sommes donnée, a choisi dès le départ de n’exercer aucun contrôle sur la simplicité volontaire, sa définition ou ses manifestations. Comme nous l’avons souvent répété, « la simplicité volontaire n’appartient à personne ». Elle est au contraire un trésor collectif qui s’enrichit à mesure qu’il est davantage partagé, exploré, expérimenté.
Il faut faire ici une distinction essentielle entre la simplicité volontaire (courant d’idées, philosophie de vie) et le Réseau (ou n’importe quel groupe organisé autour du thème de la simplicité volontaire) : si la première n’appartient à personne, le second appartient à ses membres. Un groupe a non seulement le droit mais aussi la responsabilité de se définir, de se donner des objectifs et des règles. Mais comme groupe, le Réseau a délibérément choisi une approche inclusive (le contraire d’une attitude sectaire) favorisant la participation, sans jugement, de tous ceux et celles qui se réclament, d’une manière ou d’une autre, de la simplicité volontaire et de ses multiples manifestations possibles.
Cela est tellement vrai que cela cause parfois problème : car puisque touTEs les intéresséEs peuvent aller et venir au sein de la simplicité volontaire et du RQSV, un peu comme dans un moulin, il devient difficile de répondre aux questions du genre : « combien de gens pratiquent la simplicité volontaire? » ou même « combien de membres au juste avez-vous? » Le nombre de personnes qui sont passées officiellement par le Réseau depuis sa fondation dépasse très largement le nombre de nos membres « en règle », un très grand nombre étant justement passés pendant une, deux ou quelques années avant de poursuivre leur chemin ailleurs, individuellement ou à travers d’autres regroupements. Sans compter tous ceux et celles qui n’ont toujours gravité autour du RQSV qu’à titre de sympathisantEs.
Comment donc, dans un tel contexte, peut-on encore se demander si la simplicité volontaire est une secte? Sinon parce qu’elle se situe certainement à contre-courant de la pensée dominante dans notre société et que, comme tout ce qui est minoritaire, elle est à la fois source de crainte et de curiosité.
Ce qui nous amène à réfléchir sur ce que j’ai appelé le phénomène des « simplicitaires anonymes »… On en reparle la semaine prochaine, c’est promis!
Duane Elgin, qui a rédigé “Voluntary Simplicity” mentionnait en relation à cette question:
“La SV n’est pas un mouvement centralisé. Notre préoccupation est la survie de chacun de nous. Le ‘mouvement’ est en réalité le choix conscient d’individus – et non un programme centralisé.”