L’intronisation aujourd’hui de Donald Trump comme 45e président des États-Unis d’Amérique (qu’un excellent et long reportage de l’émission Frontline, du réseau public américain PBS, appelait avec plus de justesse les État-Divisés d’Amérique) s’impose à moi comme sujet pour le Carnet. Même si, à première vue, il y a peu de lien entre Trump et la SV!
Car l’arrivée de Trump est une leçon à bien des égards, et une leçon que nous ferions bien d’étudier de plus près. Son élection n’est pas un accident: elle exprime des réalités et des sentiments qui prennent de plus en plus de place, un peu partout dans le monde, et dont il va falloir apprendre à tenir compte.
En vrac:
- «Le mieux est souvent l’ennemi du bien.» Obama était un politicien d’une intelligence, d’une envergure et d’un idéalisme exceptionnels. Un grand nombre d’entre nous se reconnaissaient dans les idéaux et les objectifs qu’il proposait, tant sur le plan d’une politique moins partisane que sur de nouvelles relations internationales fondées sur la confiance et l’amélioration des relations raciales. Toutes choses sur lesquelles nous nous retrouvons, huit ans plus tard, plus divisés que jamais!
- Il faut mieux connaître ceux qui ne pensent pas comme nous, et pourquoi ils pensent comme cela, si nous ne voulons pas nous isoler dans une bulle avec nos amis et alliés, avec le risque de nous couper du réel tel qu’il est et de nous réserver des (mauvaises) surprises.
- Une société et une population ne pensent pas, elles réagissent. Elles n’agissent pas de façon rationnelle, intellectuelle ou cérébrale; elles ré-agissent le plus souvent selon leurs émotions, leurs sentiments, l’effet de foule. Et ce n’est pas méprisant que de constater cela: même parmi les auditoires plus «sélects», les spécialistes de la communication rappellent qu’un faible pourcentage de la communication passe par le contenu des mots (le sens du discours), tandis qu’une partie beaucoup plus importante passe par l’intonation et le son de la voix, par les expressions du visage et le langage corporel!
- Le changement face à la société dominante (et Dieu sait si ce thème est central pour la simplicité volontaire!) n’est pas une chose facile ni rapide, à moins de nécessité absolue (généralement mesurée dans le porte-monnaie!). Et à vouloir trop brusquer ou «forcer la marche», on récolte souvent une résistance sourde qui s’accumule à l’abri des «regards éclairés» (les grands médias, les élites, les bureaucraties, etc.) jusqu’à ce qu’elle éclate de manière imprévue et pas toujours belle à voir.
- Non seulement la richesse est toujours un concept relatif (on est tous le riche de quelqu’un et le pauvre de quelqu’un d’autre: tout dépend à qui on se compare), mais le désir de la richesse (et c’est là que ça concerne la SV) est aussi une réalité comparative comme l’a bien montré l’économiste et sociologue américain Thorstein Veblen: on ne consomme pas parce qu’on a besoin de quelque chose mais parce qu’on veut se comparer avantageusement à ceux qui ont plus.
- Pour pratiquer la SV, il faut une certaine dose d’assurance intérieure (il faut que notre estime de soi ne dépende pas totalement de notre apparence, de notre statut social, des signes extérieurs de notre richesse). Quand vous avez l’impression (ou la réalité) d’avoir été «laissés pour compte» par votre société, peu importe votre réalité économique objective, c’est suffisant pour en développer un ressentiment social et politique légitime à l’égard de vos gouvernants.
- Le nouveau président Trump lui-même, et sa victoire électorale, représentent évidemment l’antithèse absolue de la SV: triomphe des apparences et du superficiel, du mensonge et des demi-vérités, d’une vision simpliste de la réalité, de la force symbolisée par la richesse matérielle, etc.
Voilà quelques réflexions, parmi d’autres, qui me semblent utiles et nécessaires pour ceux et celles qui travaillent à faire progresser la simplicité volontaire sur notre planète limitée. L’arrivée de Donald Trump (et la montée de la droite un peu partout) n’est certes pas une bonne nouvelle à court terme. À nous d’en tirer les leçons à notre profit…