Difficile de laisser passer l’occasion! Aujourd’hui, 11 juin, marque à la fois le début de la Coupe du monde de football 2010, organisée pour la première fois de l’histoire sur le continent africain, et la première journée du Grand Prix automobile de Formule 1 rapatrié à Montréal après quelques années d’intenses pressions.
Essayons d’être bref, au risque de sacrifier les nuances.
Le sport : « ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, pouvant donner lieu à des compétitions et pratiqués en observant certaines règles » (Petit Larousse).
La simplicité volontaire favorise le sport, à la fois pour l’exercice physique (bon pour la santé), pour ses dimensions participative (être des acteurs de sa vie), collective (toute compétition suppose au moins un partenaire) et ludique (la simplicité volontaire est favorable au bonheur).
Mais la simplicité volontaire conteste radicalement les Grands Prix de Formule 1 qui ne sont, depuis longtemps, plus un sport mais un spectacle. Non seulement symbole de pollution (bruit, gaz à effet de serre, etc.) mais de total gaspillage (pétrole, fortunes englouties par les écuries de course, etc.). Idolâtrie de l’un des veaux d’or de notre époque (l’automobile).
Si les compétitions de Formule 1 ont pu, pendant un temps, prétendre contribuer à la recherche et au développement d’améliorations applicables ensuite aux automobiles ordinaires, ce n’est plus le cas depuis plusieurs années. C’est l’expert auto Jacques Duval qui l’affirmait à la radio il y a dix jours, ajoutant que ce pourrait être à nouveau le cas si la Formule 1 passait au moteur électrique.
Quant aux fameuses « retombées économiques » qui ont justifié tous les efforts pour ramener le Grand Prix à Montréal, elles n’empêchent pas que cette activité touristique soit en parfaite contradiction avec les intentions proclamées de l’administration municipale en matière de transport et de qualité de vie urbaine : le Grand Prix fait peut-être « rouler l’argent » mais n’améliore certainement en rien la participation sportive de la population.
De son côté, la Coupe du monde de football (le fameux « Mundial ») est un événement sportif beaucoup plus complexe. Il est indéniable que les joueurs de football (soccer en Amérique) sont des sportifs (même si les vedettes sont de plus en plus aussi, malheureusement, des hommes d’affaires). Et que si le Mundial est encore un championnat sportif, il est devenu de plus en plus aussi un gigantesque spectacle planétaire, régi au moins autant par les intérêts financiers que par les règles du jeu.
Par contre, on ne peut oublier que le football demeure le sport le plus universellement pratiqué, aussi bien dans les bidonvilles du Sud que dans les grands stades du Nord, par les filles comme par les garçons, jusque dans les endroits les plus reculés ou les plus improbables de la planète. Les footballeurs professionnels ne sont que l’élite de millions de joueurs et joueuses ordinaires, pour qui le ballon rond est d’abord un jeu avant d’être un rêve (celui de s’identifier à ses vedettes, ou même d’en devenir une soi-même).
En ce sens, même si de plus en plus de questions très sérieuses se posent sur l’avenir du football comme sport, que les énormes intérêts financiers derrière les clubs professionnels (surtout en Europe) ont déjà largement transformé en spectacle (télévisuel encore davantage que dans les stades), la Coupe du monde représente encore une occasion exceptionnelle de communauté mondialisée. Pendant un mois, tous les quatre ans, des milliards de personnes se rassemblent devant leurs écrans de télévision pour suivre les péripéties de cette compétition dont la portée symbolique dépasse largement les cadres étroits du sport (on peut lire, à ce sujet, les livres de Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, mais aussi grand amateur de football : La terre est ronde comme un ballon, Géopolitique du football, Seuil, 2002, et Football et mondialisation, Armand Colin, 2006).
En résumé, la simplicité volontaire cherche à favoriser le développement et l’épanouissement véritables des personnes, leur insertion dans une communauté de plus en plus consciente et soucieuse du bien commun, dans le respect des limites de la planète. En ce sens, elle favorise la participation plutôt que la passivité. Et pour cette raison, elle sera toujours davantage du côté du sport que du spectacle.