Insatiables!…

Une semaine, ça revient vite! Surtout quand la précédente entrée était longue et a fait l’objet de consultations de quelques jours avant d’être mise en ligne! Donc nous revoici au rendez-vous du vendredi. Salutations aux habituéEs et bienvenue aux autres…

Aujourd’hui, une courte réflexion sur notre besoin permanent et maladif de nouveauté, qui est sans doute le reflet de notre difficulté (incapacité même?) grandissante d’être bien par et avec nous-mêmes.

Où que nous regardions, il faut toujours du neuf. Dans les « nouvelles » bien sûr (journaux, radio, télé), le nom le dit! Mais aussi dans les publicités, les loisirs, les vedettes, les vêtements, les technologies, les médicaments, les modes, les voyages de vacances, les exploits ou les records, les logements ou leur aménagement, les amitiés… et même les amours!

Même les « recettes » qui ont le plus de succès (émissions de télé, jeux de loterie ou friandises, par exemple) doivent absolument, après quelques temps, être rafraîchies, remises « au goût du jour », quand bien même il ne s’agirait que de l’emballage! Car de nos jours, l’intérêt ou l’effet d’attraction s’usent vite, de plus en plus vite. Comme pour les drogues : il en faut toujours plus, ou du nouveau, pour ressentir le même effet.

Nous courons sans cesse après nos désirs, mettant chaque fois en eux plein d’attentes, dans l’espoir d’arriver enfin au bonheur (ou au moins à une étape vers celui-ci) : tel objet de consommation, telle promotion professionnelle, tel voyage, telle relation amoureuse… Et aussitôt réalisés, ces désirs se révèlent des mirages ou, au mieux, des tremplins pour désirer à nouveau, plus ou mieux! Car comme le disait Aristote il y a 2 500 ans, « l’être humain est insatiable ».

Ces désirs, ce besoin irrépressible de nouveauté, ont comme point commun de nous projeter à l’extérieur de nous-mêmes. Sorte de fuite en avant dans l’espoir d’y trouver ce qu’on n’arrive pas (ou plus) à trouver en soi et autour de soi, dans l’humble ordinaire de la vie. Nous cherchons désormais des amis Facebook au bout du monde, faute de les reconnaître parmi notre famille, nos colocataires ou nos collègues de travail. Nous sommes suspendus, jour et nuit à nos « portables intelligents » faute de pouvoir nous arrêter quelques minutes (quelques heures?) pour faire silence, prendre le temps de regarder autour de nous, de réfléchir un peu à l’intérieur de nous.

Cette culture du désir insatiable est au cœur de notre économie. C’est elle qui fait tourner la machine de la consommation et de la « croissance ». C’est elle qui alimente la société marchande et le capitalisme. Et c’est elle que remet radicalement en question la simplicité volontaire.

Duane Elgin, le premier auteur contemporain à avoir popularisé l’idée et l’expression dans son livre de 1981, Voluntary Simplicity, raconte qu’une femme, rencontrée lors d’une conférence sur le changement social, l’avait beaucoup intrigué et fait réfléchir : alors que tous les participants remplissaient leurs assiettes des nombreux mets succulents dont regorgeait le buffet, elle avait discrètement choisi une pomme, du pain et un morceau de fromage. Et alors qu’il s’inquiétait auprès d’elle de son état de santé, elle lui avait simplement répondu qu’elle n’avait pris que ce dont elle avait besoin.

Et vous, où trouvez-vous votre bonheur?

1 réflexion sur “Insatiables!…”

  1. François Pelletier

    Cette réflexion sur le désir insatiable de nouveauté est intéressante et réapparaît dans toutes les sphères de la vie. Il est même amusant de voir qu’elle soit même au coeur des préoccupation d’organismes comme le RQSV, et de publications telles que le Carnet et le Simpli-Cité. Sans un contenu sans cesse renouvelé, l’intérêt diminue. L’internaute consomme de l’information, et ses désirs son insatiables à ce chapître aussi. Même la grandeur de notre désir de fournir ce contenu est insatiable ! 🙂

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