Guerre et simplicité volontaire

Voilà bien deux sujets qui n’ont rien à voir, me direz-vous! Et pourtant, en fin de semaine, je participais au Sommet populaire contre la guerre et le militarisme, préparé depuis plus d’une année par le Collectif québécois Échec à la guerre. Et j’ai eu l’occasion de constater qu’il y avait un lien méconnu mais beaucoup plus direct qu’on le croit entre la guerre et la simplicité volontaire!

Permettez-moi de vous en faire part de manière succincte (chaque affirmation pourrait faire l’objet d’un développement à elle seule, tout comme on pourrait en discuter bien des nuances; mais c’est le cœur du raisonnement qui importe ici; je vais donc à l’essentiel).

Rappelons d’abord qu’on parle ici de la guerre comme institution (plutôt que d’une guerre en particulier) et du militarisme comme vision du monde sociopolitique (plutôt que de telle ou telle décision ou dépense militaire).

La guerre n’est pas d’abord une caractéristique anthropologique de l’être humain. Elle est toujours avant tout une recherche ou une défense violente d’intérêts (pouvoir ou domination, économiques, politiques ou même religieux) : rapports de force exercés par la violence de plus en plus meurtrière des armes.

Ces intérêts en cause tournent le plus souvent autour du contrôle, de l’expansion ou du maintien des richesses et des ressources matérielles ou naturelles. Si, depuis longtemps, 15 % ou 20 % de la population mondiale contrôlent et consomment 85 % ou 80 % de toutes les ressources planétaires (à cette échelle, les chiffres exacts n’ont guère d’importance!), la situation est par définition explosive, et totalement intenable à moyen terme. Et avec l’épuisement rapide de certaines ressources clés non renouvelables (comme l’énergie fossile du pétrole et du gaz), ou la raréfaction et la distribution très inégale d’une ressource aussi essentielle que l’eau (aggravées encore par les changements climatiques), les occasions de conflits ne cessent de se multiplier.

Or NOUS faisons tous partie, même les plus « pauvres » d’entre nous, de ce 15 % à 20 % de possédants qui ont intérêt à défendre ou à maintenir leurs privilèges. Et nous faisons donc partie des causes de ces conflits en cours ou en germe (comme au Congo pour ses fabuleuses richesses minières, au Moyen-Orient pour le maintien à tout prix de notre allié Israël dans la région et le contrôle des ressources pétrolières, en Afghanistan pour – supposément — lutter contre les appuis du terrorisme, sans parler des nombreuses « guerres économiques » qui se mènent – malgré la mondialisation — avec autant de férocité pour défendre ou développer nos « niveaux de vie »).

Si donc il est vrai que la guerre est avant tout une question d’intérêts et que NOUS, des pays riches et consommateurs, faisons partie de ceux qui ont des intérêts à défendre, la seule façon pour nous de nous attaquer durablement aux guerres est de remettre en question ces intérêts économiques et financiers qui sont les nôtres. Et donc la société d’abondance et de consommation qui est la nôtre. D’où l’importance capitale et prophétique d’un courant comme celui de la simplicité volontaire (et de la décroissance, et de l’écologie véritablement « durable », et de l’altermondialisme, comme de tous les autres courants socio-économiques qui leur sont apparentés).

J’ajouterais que les conflits (qui resteront longtemps inévitables) autour de ces enjeux pourraient aussi être abordés et résolus par d’autres moyens que la guerre ou le militarisme. Il existe bien des alternatives à la violence armée (dont l’efficacité remarquable mais tout à fait sous-estimée de la non-violence comme force collective organisée, sociale et politique). Mais cela est un tout autre sujet (sur lequel j’ai aussi plein d’idées et d’expériences à partager, mais qui déborde le cadre du présent billet).

Que vous soyez d’accord ou non avec moi, j’aimerais bien savoir ce que vous en pensez…

Bonne réflexion et bonne semaine!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *