À la suite du billet de vendredi dernier sur le sondage international du Simplicity Institute australien, l’occasion est belle de se demander où se situe le Réseau québécois pour la simplicité volontaire (le Réseau) par rapport au mouvement de la simplicité volontaire et quelle est sa contribution spécifique à celui-ci.
Je vais essayer d’être bref et d’aller à l’essentiel (ceux et celles qui me connaissent vont sourire 🙂 …
Après 11 années d’existence, le Réseau a plusieurs succès à son actif :
- il a fait connaître la philosophie de la simplicité volontaire au Québec, mais aussi ailleurs dans la francophonie par le truchement de son site Internet;
- il a popularisé l’expression «simplicité volontaire » au point où elle a été officialisée par l’Office québécois de la langue française, et a même imposé le néologisme « simplicitaire » comme substantif et adjectif;
- il a permis et favorisé la prise de conscience, pour une foule de gens qui pratiquaient déjà la simplicité volontaire ou certains de ses aspects sans même le savoir, de leur appartenance à un courant social qui dépassait leurs choix individuels;
- il a réuni quelques milliers de personnes, de partout au Québec dans des colloques annuels, des rencontres ou des conférences ponctuelles, des ateliers de formation ou des équipes régionales;
- il a développé une réflexion et une expertise en matière de simplicité volontaire sur une foule de questions dans le cadre d’ateliers, de son bulletin Simpli-Cité et de quelques livres;
- il a noué de nombreuses relations avec des partenaires à l’étranger, au Canada anglais, aux États-Unis et en Europe surtout;
- il a commencé à explorer la prise de parole publique à l’occasion de certains événements (surconsommation des Fêtes, crise économique, Journée internationale sans achat, etc.);
- il a répondu à un nombre incalculable de demandes d’information (venant des médias, d’étudiantEs ou de chercheurEs, de documentaristes, du grand public, d’ici comme de l’étranger);
- il a suscité la naissance d’autres mouvements qu’on peut associer aux valeurs de la simplicité volontaire au Québec (Mouvement québécois pour une décroissance conviviale, Mouvement des Villes en transition);
- et sans doute encore plusieurs choses…
Malgré ce bilan très positif, un certain nombre de constats s’imposent :
- la simplicité volontaire est un concept tellement englobant qu’il est impossible de le limiter à quelque chose de très précis, d’où la difficulté à mobiliser à long terme;
- beaucoup de gens, même des responsables, passent par le Réseau, en sont membres quelques années puis s’en vont ailleurs;
- les équipes locales ou régionales dépendent énormément des personnes qui les créent ou les animent;
- le financement et la stabilité du Réseau demeurent problématiques et tiennent encore à une poignée de militantEs qui y croient;
- l’effet de mode pour la simplicité volontaire, très présent au début des années 2000 au Québec, s’est maintenant estompé au profit d’un approfondissement.
Si bien qu’à la récente assemblée générale annuelle du Réseau (compte-rendu accessible bientôt sur le site du RQSV), plusieurs des membres fondateurs ont cru bon de poser carrément la question : dans le contexte de 2011, si le RQSV n’existait pas, aurions-nous encore le goût de le fonder? En avons-nous encore besoin? Faut-il essayer de continuer dans le même sens ou au contraire réorienter son action et ses priorités? Que devons-nous retenir du bilan des 11 dernières années? Bref, c’est à un véritable exercice de re-fondation que les membres présents ont été invités. Et cette invitation radicale a suscité l’enthousiasme puisqu’une dizaine de personnes (soit près de la moitié des participantEs) se sont portées volontaires pour faire partie du conseil d’administration provisoire chargé d’assurer le suivi du Réseau durant l’été, mais surtout de préparer et de convoquer une journée de réflexion sur la relance concrète du Réseau à la fin de l’été.
Il est clair que le travail en faveur de la simplicité volontaire se situe à plusieurs niveaux : individuel, dans nos propres vies et dans celles des gens que nous rejoignons; collectif, dans les revendications et les moyens communs à développer pour fournir des conditions propices à des choix personnels de simplicité volontaire; mais aussi intellectuel et culturel, dans la mesure où on travaille à contre-courant des idées et des valeurs dominantes et où on cherche à promouvoir des idées et des valeurs de remplacement. C’est donc inséparablement un travail immédiat et concret, politique, et à plus long terme. Un travail nécessaire, exigeant et passionnant.
C’est assez fidèle à ce qui s’est passé.
Merci