Le hasard fait curieusement les choses.
Hier, en voyageant avec un ami, nous discutions des avantages et des inconvénients de tenir un blogue personnel. Comme nous écrivons tous deux beaucoup (articles, analyses, recensions, lettres aux journaux, chroniques, etc.) et publions dans des lieux fort divers (revues, bulletins, aussi bien sur papier que sur Internet), on nous a proposé d’avoir un site Internet personnel dans lequel regrouper toutes nos productions.
Mon ami alimentait déjà un tel site personnel depuis deux ans. Et c’est une fausse manoeuvre informatique supprimant d’un coup tous ses textes publiés qui le force maintenant à s’interroger: le jeu en vaut-il vraiment la chandelle? Dans mon cas, c’est un projet que j’ai depuis au moins deux ans et que je n’ai pas encore réalisé: vaut-il la peine d’y donner suite?
Bien sûr, il y a plein d’avantages à de tels sites personnels: rendre disponibles, en un seul endroit, toutes sortes de textes écrits pour contribuer à l’avancement du débat public et du bien commun; visibilité et notoriété de l’auteur et de sa production; accessibilité accrue grâce au système de référencement informatique; etc. Mais il y a aussi un prix fort à payer: temps de recherche et de mise en ligne de la production antérieure, classification et mise en page de tous ces textes; apprentissage, mises à jour et maintenance des outils informatiques; etc.
Et ultimement, je dois me poser LA question: est-il plus utile (ou agréable, ou satisfaisant pour moi) de consacrer les “x” dizaines ou centaines d’heures nécessaires pour mettre en ligne un tel site personnel regroupant mon ancienne production ou plutôt de les utiliser pour écrire de nouveaux textes (ou faire toute autre chose nouvelle qui fait partie de mes innombrables désirs)?
Et là, j’en viens à ce fameux “hasard qui fait bien les choses” dont je vous parlais! Car je trouve ce matin, dans ma boîte de courriels, un texte qui soulève précisément cette question
Dans son plus récent billet, Joshua Becker (dont je vous ai déjà parlé) propose dans son blogue “Becoming Minimalist” 15 moyens par lesquels la technologie peut vous aider à vous désencombrer. Si vous lisez l’anglais, n’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil. Car cela soulève (y compris surtout dans les commentaires ajoutés par les internautes) des questions fort importantes au sujet de la technologie et de l’informatique.
Car si, comme le dit Becker, “qu’on le veuille ou non, la technologie est là pour rester” (ce avec quoi je suis évidemment d’accord), que devons-nous (et pouvons-nous) faire si nous en arrivons à la conclusion que la technologie (ou bien telle ou telle technologie en particulier) entraîne des conséquences plus négatives que positives?
J’ai moi-même laissé, sur son site, un commentaire dans lequel j’essaie de montrer que la technologie dont il parle dans son billet, si elle offre toutes sortes de solutions qui peuvent être utiles pour faciliter telle out elle tâche, entraîne aussi de façon inévitable des conséquences qui vont dans le sens d’un plus grand input (quantité de données accessibles, temps d’accès toujours plus court, facilité d’accès démultipliée, etc.), et donc d’un plus grand encombrement. Et pour moi, cet effet n’est pas la conséquence d’une “mauvaise utilisation” de la technologie en question, mais bien une conséquence inhérente à la technologie elle-même.
Alors, la technologie: aide ou piège?[1]
Si bien que mon ami et moi en sommes venus, chacun de notre côté, à la même conclusion: avec le temps de vie qui nous est compté[2], ces fameux “sites personnels regroupant notre production” sont davantage pour nous un fardeau et un esclavage qu’une libération.
Vous continuerez donc de nous lire un peu partout, au hasard de nos implications et de nos interventions. Comme autant de “bouteilles jetées à la mer” que nous confions au vent de la Vie, plutôt que de les collectionner soigneusement nous-mêmes pour vous les rendre disponibles dans un même lieu.
[1] Cette question a été analysée dans un dossier complet consacré aux « nouvelles technologies de l’information et des communications » (NTIC) par le bulletin du RQSV, Simpli-Cité, vol.12 nos 2 et 3, Été-Automne 2011.
[2] Ayant tous deux atteint l’âge de la retraite, il nous en reste moins devant nous que nous avons eu la chance d’en vivre derrière nous. Mais surtout, étant des passionnés, nous avons tous les deux beaucoup plus de projets que nous ne pourrons jamais en réaliser d’ici notre mort.
Les supports de la pensée humaine n’ont cessés d’évoluer. Nous devons accepter la logique de cette évolution par rapport au contexte de notre époque. On utilisait les murs de nos cavernes, puis le papier qui a lui-même évolué en de multiples formes, puis le virtuel depuis quelques années…
Mais ne serait-il pas sage, dans le courant de notre très chère vie dédiée à la réduction des mauvaises habitudes de revenir progressivement à la communication verbale ? Elle ne consomme que l’oxygène que nous respirons.
Bon… Il faut être réaliste et c’est pourquoi je mentionne “le contexte de notre époque”. Mais c’est nous qui faisons le contexte de notre époque. Nous, les humains. Je rêve peut-être un peu (et c’est souvent mon impression dans la vie !!) mais je suis moi-même personnellement engagé, à travers mon comportement avec autrui et à commencer par ma famille, à promouvoir notre “simplicité volontaire” à travers le dialogue verbal et l’exemple direct, ces deux méthodes plus que toutes autre.
Un jour, je crois, seule restera la transmission orale…spirituelle.
Ce dont parle Diane est assez questionnant sans parler du temps que je perd parfois juste à regarder Facebook….même si je suis assez frugale lorsque je compare ma consommation avec d’autres personnes.Bon disons que je suis certaine que le virtuel est un piège aussi lorsqu’on ne reste pas vigilant.
Si la technologie est là pour rester, il se pourrait bien qu’Internet nous glisse sous les pieds dans quelques années ou dizaines d’années à cause de la grande quantité d’énergie qu’il commande. On n’en parle pas assez… Des fois, un diaporama m’est envoyé par une cousine, montrant des immenses usines de stockage d’information, en Orégon, je pense… Toutes ces machines doivent fonctionner 24h par jour et on doit constamment les refroidir. J’ai même entendu dire que se servir d’Internet équivaut à l’usage de l’auto en solo pendant une année. S’il y a quelqu’un parmi vous qui est plus informé que moi, qu’il se manifeste avec plus de précisions!
Mais bref, il se pourrait bien que moins de pétrole veuille dire moins de voyages virtuels, moins de sites, de blogues, etc, etc.
J’ai lu l’an dernier que l’énergie consommée annuellement pour faire fonctionner tous les ordinateurs de la planète équivaut à celle dépensée par tout le traffic aérien mondial.
Le « virtuel » a donc un impact matériel non négligeable…
Belle réflexion, Dominique.
Oui, il faut travailler à “simplifier la vie”.
Oui, il faut profiter des incidents (exemple: perte de données) pour se demander: ai-je vraiment besoin de tout ce matériel ?
Continuons à y réfléchir !