Je me permets une confession : c’est sans doute le Noël auquel j’arrive le moins préparé depuis très longtemps. La nuit de Noël, ce soir, ne sera pour moi presque qu’une date dans le calendrier.
25 décembre : Noël, neige, messe de minuit, réveillon, fête de famille, cadeaux, sapin, crèche, cantiques ou chansons de circonstance… Autant d’éléments qui, au Québec du moins, font partie de la tradition et évoquent la nostalgie du passé. Qu’en reste-t-il?
Je n’ai pas l’intention de défendre ici une thèse. Dans un Québec moderne et pluraliste, pas question d’imposer un seul modèle normatif, fût-ce pour célébrer le passé. On le voit bien avec le débat sur « la Charte » (passée, heureusement, de la Charte des valeurs québécoises à la Charte de la laïcité québécoise).
Mais à réfléchir sur ma propre pratique, je constate que Noël, comme tous les rites (qu’ils soient religieux, culturels ou sociaux), n’a de sens que par la préparation qu’on lui consacre. Un rituel sans préparation est une coquille vide. Un Noël sans préparation n’est qu’une date dans le calendrier.
Que Noël soit pour nous une fête religieuse, familiale, relationnelle ou culturelle, elle ne trouvera son sens que si nous l’avons nous-mêmes préparée, parfois de longue date, ainsi. Car notre société marchande, elle, de son côté, a ses propres priorités : elle ne lésine pas sur les préparatifs et n’hésite pas à imposer ses normes. Quand il ne reste qu’un seul sens à Noël, c’est sa dimension commerciale, qui ne cesse d’accroître son empire, là comme ailleurs.
Ceux et celles pour qui Noël est une fête religieuse n’y trouveront vraiment leur compte qu’à travers la longue préparation de l’Avent, cette période d’attente et de désir d’un Sauveur venu annoncer un Royaume de Justice et d’Amour.
Ceux et celles pour qui Noël est une fête familiale ou relationnelle (la famille d’élection –les amis, les réseaux– ayant souvent remplacé la famille biologique, réduite, dispersée ou éclatée) ne pourront y trouver leur compte qu’en planifiant à l’avance les rencontres (plus difficiles qu’autrefois à placer dans le calendrier), en préparant repas, jeux et activités, en rassemblant délibérément parents et amis qui donnent sens à la fête.
Ceux et celles pour qui Noël est une fête essentiellement culturelle (entre autres parce que Noël est une fête « étrangère » à leurs propres traditions et cultures), un congé férié important dans leur société d’accueil, celle-ci n’aura de sens que s’ils décident de se l’approprier, d’une manière ou d’une autre, ce qui implique aussi du temps de réflexion et de préparation pour en faire un moment significatif pour eux et pour les leurs.
Bref, je constate qu’à me contenter, depuis quelques années, de lutter contre la commercialisation de Noël, de résister à l’envahissement de la (sur)consommation matérielle et de déplorer la surenchère des cadeaux et de l’endettement, je me suis laissé dépouiller moi-même de ce qui faisait pour moi le sens de Noël. En me laissant conscrire sur le champ de bataille économique et culturel, j’ai insensiblement été coupé de mes propres racines et détourné de l’objectif même de cette bataille : redonner à Noël sinon « son » sens profond (n’en a-t-il qu’un seul?), du moins un sens humain et communautaire authentique et nourrissant.
Dans ce Québec de « la Charte » (quel que soit le sort que les mois à venir réservent à cet important débat pour notre vivre-ensemble), Noël demeurera un symbole social et culturel important. D’où l’urgence, pour moi et pour chacunE de nous, de lui redonner son sens de « fête » collective, riche et diversifiée, qui soit beaucoup plus qu’une simple date dans le calendrier.
Je souhaite à chacun et chacune de vous qui me lirez une fête de Noël pleine de sens, d’amour et d’espérance pour l’année qui vient. En espérant vous retrouver en 2014.
bonsoir,
en ce qui me concerne depuis 3 ans , la noël qui a toujours été une fête importante pour les miens, est devenu beaucoup plus sobre.
en 1ier nous tirons au sort un cadeau a offrir personne par personne.
cette année j’avais ma mère lol..
nous préparons ensemble en faisant des biscuits , des galettes, avec les recettes des grand-parents et de mon épouse.
nous n’oublions pas d’où nous venons et les traditions culinaires se transmettent.
je vais dans les bois avec les garçons ‘ je sais ça fait vieux clichés lol et ramassons de quoi faire nos décorations de table de portes etc…
enfin, nous jouons ensemble à ds jeux de société, les grand-mère racontent des histoires de famille et nous passons beaucoup plus de temps ensemble le partage en sorte..
merci de m’avoir lu…
Dans notre famille nous avons décidé depuis 2 ans que les cadeaux viendraient des objets que l’on ne se sert plus chez nous Puis par tirage, la personne choisit au hasard un cadeau enveloppé. Puis à la fin, il y a possibilité d’échange de cadeaux si celui que nous avons choisi ne nous conviens pas. Au début, nous avons installé aussi une table de disponible pour que l’on puisse déposer nos DVD, nos CD ou nos livres que ne nous désirons plus garder Alors toute la soirée les gens en déposent ou en choisissent, ce qui amène un conversation sur les différents contenu de chacun. Cela devient une belle soirée de discussion et de plaisir.
Cher Dominique,
tu rejoins là mon interrogation du moment. Plus j’y pense, plus je me dis que Noël est une fête de la “radicalité”, dans son sens le plus simple: aller à la racine des choses. Le mouvement de SV est un germe, aussi discret qu’un enfant dans une crèche, mais un germe de révolution “tranquille” mais tellement radicale et profonde, d’un vivre autrement.
Mais cette radicalité doit être nourrie, éduquée afin qu’elle devienne lucide et dirais-je aussi, plus efficace. Elle doit être cultivée au dedans, dans le calme, la réflexion et la contemplation d’autre chose que la nouvelle machine à café.
La radicalité demande un équilibre entre l’action et la méditation, pas toujours évident à tenir!
Merci pour ce partage si inspirant.
Merci beaucoup, Dominique, pour ce beau texte où tu nous dévoiles ta vérité, tout simplement. Je vis moi-même un Noël “neutre” puisque j’ai mis un frein à la consommation obligée par la pression commerciale. Et je ne m’en porte pas plus mal.
Je te souhaite un très agréable temps des Fêtes et j’espère que tu continueras en 2014 à enrichir nos vie par tes propos toujours justes et pertinents.
Je vous remercie de votre humilité qui vous permet cette “remise en perspective ” très enrichissante. Que l’année qui vient vous soit douce et enrichissante… humainement bien sûr!