J’ai le goût d’une chronique plus légère et plus optimiste, pour une fois !
Et c’est un ami qui m’en a donné l’idée (merci Raoul!) dans un récent courriel (moi qui peste tellement souvent contre ces innombrables courriels: comme quoi on n’échappe pas à ses contradictions …
Je veux donc juste partager l’excellente idée qu’a eue la chaîne Intermarché, bientôt suivie par d’autres gros joueurs de la distribution alimentaire française comme Auchan et Monoprix: revaloriser et rendre disponibles les fruits et légumes “hors calibre”.
Comme on sait, ces fruits et légumes, écartés par les producteurs eux-mêmes parce qu’aucun distributeur (et supposément aucun consommateur) n’est intéressé par autre chose que des “parfaits”, représentent plus de 30% du gaspillage alimentaire annuel: trop gros, trop petits, tachés, difformes, etc.
Encore une fois, il suffisait non seulement d’y penser (car les bonnes idées manquent rarement) mais surtout de trouver la volonté politique, sociale ou commerciale pour oser prendre l’initiative.
Au Québec, on en a des exemples récents et remarquables: le tournant pris, à l’initiative de la chaîne d’alimentation Métro, vers l’utilisation systématique de sacs de provisions réutilisables. Cette habitude, déjà bien implantée dans plusieurs pays, n’arrivait pas à faire sa place ici: on en parlait depuis des années, un député provincial en avait même fait sa campagne personnelle, tout le monde préférait s’en remettre à la sensibilisation des consommateurs et aux choix individuels de ceux-ci. Jusqu’à ce que Métro décide de plonger sans plus attendre en fabricant ses propres sacs réutilisables (excellente idée de marketing: pourquoi pas joindre l’agréable à l’utile?) et en fasse systématiquement la promotion. Moins d’un an après, toutes les grandes chaînes d’alimentation avaient emboîté le pas (concurrence, quand tu nous tiens! Mais pour une fois, pour la bonne cause!) et il reste maintenant très peu de sacs en plastique qui ne soient pas devenus au moins “biodégradables” à des degrés divers.
Autre exemple: la décision audacieuse des autorités de l’Université de Sherbrooke de décréter unilatéralement (et de défrayer elles-mêmes) la gratuité du transport en commun pour tous leurs étudiants et leurs personnels. J’en ai parlé brièvement dans un blogue portant sur le leadership, c’est-à-dire la capacité de “voir demain dès aujourd’hui”: non seulement cette audace s’est révélée avantageuse pour l’Université même sur le plan financier (elle qui déboursait pourtant près d’un million par année pour offrir ce service qu’elle n’était en rien obligé d’offrir), mais elle a également eu pour conséquence de contribuer indirectement de manière significative à la revitalisation du centre-ville de Sherbrooke.
Revenons donc à nos “moches” de départ: oser distribuer des fruits et légumes qui devraient, a priori, être boudés par les consommateurs. Même si l’idée était pleine de “bon sens” au niveau de l’écologie, il fallait quand même le faire au niveau commercial!
Comment? Comme dans tellement d’autres domaines, en décolonisant nos esprits de consommateurs. Si nous avons “appris”, à travers les années (et les campagnes de marketing!), que seuls les fruits et légumes parfaits étaient désirables, voire même mangeables (comme on a très longtemps “appris” que fumer était désirable et souhaitable), alors il est également possible d’”apprendre” autre chose. Et entre autres, que “les moches” sont non seulement mangeables, mais qu’ils peuvent même devenir désirables (le prix moins élevé jouant ici son rôle). Et ça a marché!
Les promoteurs de la campagne ont même poussé la chose un peu plus loin en développant carrément un logo commercial pour l’ensemble de ses produits non conformes. S’appuyant sur l’important symbole que représentent en France les “gueules cassées” (les militaires de la première Guerre mondiale défigurés au combat), ils ont créé le logo “Quoi, ma gueule?” qui, bien sûr, peut être compris de plusieurs manières, mais qui ont toutes en commun de questionner nos habitudes et nos préjugés spontanés.
Ce qui peut éventuellement être utiles à bien d’autres qu’aux pommes ou aux carottes atypiques!!!
Bref, décolonisons nos esprits et osons! Les domaines d’application de ces deux consignes sont proprement illimités!
Bravo! Enfin… Enfin on fera sortir les beautés désespérées des sentiers battus!…
Pareil pour les gars qui magasinent comme leur maman!
Chic trouvaille de m’être connecté à votre site.
L’espoir des autres est une avenue…