Prendre le virage de la simplicité, pas toujours facile!

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(Texte reçu comme message dans la boîte de courriels du Carnet des simplicitaires. Publié avec la permission de l’auteur.)

Je ne m’attends pas à une réponse de votre part. Je voulais simplement écrire et envoyer ma réflexion. Étant donné que je fréquente votre site régulièrement et que vous prônez des valeurs que j’aimerais bien intégrer à ma vie, vous avez été choisi !!!!

Depuis quelque temps, je sens cet appel à la simplicité. J’aimerais profiter de la situation que je vis actuellement (une séparation) pour intégrer des habitudes simples qui me mèneront vers une vie plus simple et en harmonie avec ce que je suis réellement.

Je ne pense pas être de ces personnes qui carburent à la consommation, mais cela ne m’empêche pas de désirer plein de choses inutiles et de me créer des besoins. Ma dernière trouvaille à cet effet: un Blendex, cette espèce de mélangeur qui broie tout ce qu’on lui donne, même notre portefeuille.

Je dois avouer que je me sens un peu démuni devant l’ampleur de la tâche. Comment faire abstraction d’une société qui nous entoure, qui nous avale dans un univers de consommation extrême? Un monde qui a réussi à nous convaincre que le bonheur est directement associé à ce que l’on possède (gros VUS, grosse maison, gros salaire, etc.). Pour «être» il faut «avoir». Je sais, ça fait cliché d’utiliser ses deux verbes dans la même phrase. Mais, il y a tout de même une petite dose de vérité dans ce cliché.

Tel quel mentionné précédemment, je vis une séparation. Dix ans de vie commune qui s’envolent. Inutile de vous dire que le cerveau fait bien son travail pour nous protéger; il nous envoie des messages comme «Va te l’acheter, ton Blendex», «Change-le ton char» et «N’oublie pas ta Nikon pour faire de la photo». En passant, je ne prends même pas de photos avec mon cellulaire, mais il me faut une Nikon à 1200$. C’est à n’y rien comprendre. Dans la psycho pop, on a même un nom pour ça: «la compensation». C’est supposé nous faire du bien de nous permettre ces petites gâteries. Bon, je l’avoue, ça fait un certain bien, mais croyez-moi, c’est très éphémère comme résultat, sauf sur la carte de crédit bien entendu. Ça nous prend rapidement un autre truc à acheter pour nous faire oublier un certain mal-être. Jusqu’à maintenant je contrôle assez bien la situation, mais la tentation est grande.

Actuellement, je me sens à la croisée des chemins: je sais que la voie de la consommation est un piège et que revoir sa vie selon ses valeurs demeure la seule avenue possible. Mais, au risque de me répéter, c’est vraiment difficile de me déprogrammer. Je crois beaucoup à la théorie des petits pas, mais l’être complexe que je suis aimerait déjà être rendu à vivre simplement sans avoir à traverser les tourments qui y mènent.

Les personnes que j’admire le plus ne sont pas celles qui ont réussi en affaire et qui roulent en BMW; celles que j’admire sont celles qui ont réussi à se créer une vie saine en marge des tendances actuelles. Des personnes qui ont placé les vraies valeurs au centre de leur vie.

P.S.: Désolé pour les fautes d’orthographe (qui ont été corrigées, N.D.L.R.) mais je ne voulais pas que ça devienne une excuse pour éviter d’envoyer ce message.

(Réponse de Dominique Boisvert, responsable du Carnet des simplicitaires)

Bonjour Denis,

Pas question de laisser un tel témoignage sans réponse!

Non pas que j’aie (nous ayons) des réponses toutes faites ou des recettes miracles à tes questionnements. Au contraire: les questions que tu poses, nous les connaissons, la plupart d’entre nous, pour les avoir rencontrées nous-mêmes…

Mais nous avons, peut-être, un peu d’expérience et de recul pour mesurer tous les bienfaits que nous retirons du fait d’avoir persévéré, patiemment et sans (trop de) rigidité ou de sévérité à l’égard de nos (innombrables) essais et erreurs, avancées et reculs, progrès trop limités ou trop lents à notre goût, etc.

Oui, «prendre le virage de la simplicité n’est pas toujours facile!» Tout comme on dit souvent, pour ne pas se prendre trop au sérieux, que «la simplicité, ce n’est pas toujours simple!»

Et oui, nos envies de «consommer» (et la consommation, c’est quelque chose de tellement plus large que juste les «blendex» et autres biens matériels) sont puissantes, enracinées et… récurrentes! Et encore plus en périodes d’instabilité, de changement, d’émotions fortes (ce que la psycho appelle, comme tu le dis si bien, de la «compensation»).

Ta réflexion est très juste. Et à mon avis, elle est pleine de promesses. Toi seul peux bien sûr faire tes choix. Mais je t’encourage certainement à persévérer… Les résultats en valent, et largement, l’effort.

Et peut-être les contacts avec d’autres personnes intéressées ou engagées dans un cheminement semblable pourraient-ils se révéler utiles et encourageants? Partager et cheminer ensemble est souvent la meilleure façon de pratiquer la simplicité…

J’en reste là pour l’instant. Bonne route!

P.S.: Accepterais-tu que ta réflexion-témoignage soit publiée dans le Carnet des simplicitaires? Je crois que  cela pourrait s’avérer très utile pour beaucoup de gens. Et, qui sait, susciter d’autres réponses, questionnements ou témoignages…

P.S.2: Tu as bien fait de ne pas te préoccuper des fautes d’orthographe mais de privilégier l’écriture et l’envoi (et si tu acceptes qu’il soit publié, ne t’en fais pas, je verrai à faire les corrections): bien trop souvent, nous nous empêchons de faire des choses utiles ou importantes sous prétexte de ne pas avoir le temps de les faire aussi bien que nous le voudrions. Un bon exemple du «mieux qui est souvent l’ennemi du bien».

(Réponse de Denis Guérin)

Bonjour,

Merci pour votre réponse: bien que je ne la sollicitais pas, je dois avouer que je l’espérais un peu. Pour l’instant, j’en suis à essayer de mieux comprendre ce que signifie vivre simplement. Le premier réflexe que j’ai eu a été de me départir d’une panoplie de choses qui encombraient mes tablettes, mes tiroirs, ma bibliothèque, mon espace de vie et ma tête. Comme je devrai déménager dans quelques mois dans un logement plus petit, j’en profite pour faire un grand ménage. C’est fou ce que l’on peut accumuler au fil du temps. Actuellement j’ai une maison que j’aime énormément. Le plus difficile sera de lâcher prise.

Pour ce qui est de ma réflexion, je serai très heureux qu’elle soit publiée et qu’elle suscite témoignages et partages.

Mon petit courriel lancé à la mer se veut peut-être un premier pas timide qui me permettra de cheminer tranquillement, mais sûrement, vers la simplicité.

Denis

3 réflexions sur “Prendre le virage de la simplicité, pas toujours facile!”

  1. Denis,
    Merci de partager cela avec nous. Dis-toi que tu es loin d’être le seul à chercher à te “déprogrammer”. Tout autour de nous (parents, amis, collègues, médias, écoles, voisins) nous incite consciemment ou pas à devenir des sur-consommateurs.

    Lorsqu’on se retrouve face à nous-même, à la croisée des chemin, comme c’est souvent le cas devant un licenciement ou une séparation, on aurait souvent envie que tout changer d’un coup, comme par magie. Mais, je crois que la voie de la simplicité volontaire est un voyage. Il faut y progresser à son propre ythme, mais surtout, il ne faut jamais s’arrêter de marcher!

    Déménager à distance de marche de son, travail, de l’épicerie dans un appartement plus modeste, ne pas avoir de voiture et utiliser les transports en commun peut complètement changer une vie. Ajouter à cela un taux d’épargne de 40-50% du salaire pendant quelques années peut même mener à une liberté financière totale rapidement.

    Bonne chance!

  2. Guylaine Martin

    Merci Denis pour ce partage. J’ai animé un groupe de discussion sur la simplicité volontaire et j’ai souvent constaté que le partage permettait de se sentir moins seul ou “bizarre”. La simplicité volontaire comporte de multiples facettes. Il est relativement facile de participer à des activités où on retrouve des gens qui portent les valeurs de la simplicité: groupe de défense de l’eau, Incroyables Comestibles, documentaire Demain, le film, solidarité entre les peuples, … Par exemple, si tu assistes à une conférence sur l’une des multiples facettes de la simplicité, à la période de questions, tu entendras des réflexions avec lesquelles tu es d’accord. Ca fait du bien.

    Je dis qu’il faut commencer par où “ca fait mal”. Là où on vit le plus grand malaise ou inconfort. “Ca a pas d’allure la quantité de récupération que je génère.” Il faut voir pourquoi le bac est si plein ou pourquoi ca nous prend deux bacs et agir.

    Le grand ménage t’a déjà fait du bien. Bonne continuation.

  3. Bonjour Denis,

    Ton message m’a interpelé. J’ai déjà vécu des choses un peu semblables.

    Dans ce contexte, j’ai profité d’un divorce et d’un déménagement pour simplifier ma vie. Je trouve que c’est un moment important et dont il faut profiter au maximum. Lors de mon divorce, j’ai donné ma voiture à ma conjointe comme réglement partiel de la séparation. J’ai aussi choisi de me réinstaller dans un condo dans un milieu assez dense et avec beaucoup de services proches. Ça m’a permis, entre autres, de ne pas me racheter d’auto et ainsi depuis 5 ans maintenant je satisfait mes besoins de déplacements en marchant, en prenant le bus et en utilisant l’autopartage. Ici, dans le Vieux Limoilou où je suis installé, je satisfait presque tous mes besoins dans des commerces de proximité.

    Les grands événements de la vie tels des séparations et des déménagements sont des moments cruciaux dont on peut profiter pour changer les choses dans le sens de nos valeurs.

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