Au milieu des inondations printanières, des changements climatiques ou de la crise tragique de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), peut-on se permettre de réfléchir à pourquoi on vit? Après tout, nos vies sont tellement multiples, agitées, complexes et le plus souvent entraînées par le tourbillon incessant…
La fin de vie est souvent une occasion de se poser des questions longtemps repoussées. Et le dernier film, Le vieil âge et l’espérance, du documentariste québécois de 91 ans, Fernand Dansereau, présenté depuis la fin d’avril 2019, nous ramène à l’essentiel.
Quand le vieillissement accumule, peu à peu, sa cohorte de bobos, de pertes, de handicaps ou de deuils, la vie nous oblige à la regarder sous un nouveau jour. Nos réalisations, nos projets ou même notre image font davantage partie du passé; à quoi va-t-on désormais occuper le temps qui nous reste, qui est compté?
Fernand Dansereau, qui s’était déjà penché sur Le vieil âge et le rire (2012), puis sur L’érotisme et le vieil âge (2017), tourne une dernière fois sa caméra sur la quête de sens de ses contemporains en fin de vie : amis du milieu du cinéma, témoins anonymes de résidences de personnes âgées, spécialistes et praticiens de l’accompagnement de la vieillesse, la variété et la richesse complexes des expériences brossent un tableau nuancé en réponse à ses questions de départ.
On se rend compte que chaque parcours individuel est unique, et que les dimensions religieuse, spirituelle, philosophique ou athée de chacun n’apporte pas toujours les réponses qu’il en attendait. Même si on y retrouve souvent une sorte de fil conducteur (sérénité, présence à soi et au présent, méditation, acceptation ou lâcher prise) qui peut prendre les formes les plus diverses.
Où trouve-t-on l’espérance ou le sens pour affronter cette nouvelle et dernière étape de nos vies? Comment vieillir vivant jusqu’à la fin, plutôt que de s’étioler ou d’attendre patiemment l’inéluctable? Peut-on continuer d’y trouver du bonheur ailleurs et autrement que par le passé?
Les témoignages diversifiés et inspirants nous obligent à faire notre propre réflexion : que nous soyons optimistes, cyniques ou croyants, matérialistes ou spirituels, que nous vivions en couple ou désormais séparés de nos compagnons ou compagnes de vie, nous devons affronter, seuls ou avec d’autres, les derniers sentiers inconnus du grand âge.
Les participants du film, généreux de leur temps et de leur intimité, sont assez représentatifs d’un Québec qui s’est profondément transformé depuis un quart de siècle : notre héritage y être encore présent, en même temps que métissé par les valeurs nouvelles qui se sont imposées au fil des décennies. D’où la variété des points de vue.
Ce film ne révolutionne pas la forme cinématographique. Même s’il est fort beau, bien photographié, doux entre autres à travers ses moments de nature et de musique. Mais il nous permet surtout de partager la recherche humaniste et féconde de Fernand Dansereau, filmée à hauteur d’hommes et de femmes à travers ces rencontres inspirantes. À son âge vénérable, laisser ce dernier film à la postérité témoigne on ne peut mieux de cette espérance du titre.
Pour nous qui cherchons à inspirer nos vies de la simplicité volontaire, Le vieil âge et l’espérance est un rappel salutaire qu’il n’est jamais trop tôt pour chercher le sens, déterminer ses priorités et nous concentrer, individuellement, comme couple ou comme famille, sur ce qui nous ramène à l’essentiel… et au bonheur!
Bonjour Dominique,
Quelle intéressante réflexion et ce, même si je n’ai pas vu le film… Et sans être du «vieil âge», je sais que je suis sur la voie d’y être… comme je sais aussi en être entourée…
L’espérance… la fin de vie… Permets-moi de te partager le fait que maman est considérée en fin de vie et après une semaine d’hospitalisation, elle a reçu ce que dans l’temps on appelait «les derniers sacrements» puis elle fut installée dans une maison de soins palliatifs… en fin de vie… Elle y est depuis presque 5 semaines et a plus de 90 ans… Et voilà que dimanche dernier, elle a été capable, avec des membres de la famille, de se rendre à l’église pour la messe… ce qui pour elle, est plus qu’important…
Je comprends que pour elle, c’est là l’essentiel…
Merci encore pour cette belle réflexion et amicales salutations.
Merci M Boivert; ça me rappelle qu’on oubli! Les épreuves de la vie…. et nos ressources jusqu’à l’épuisement pour les contrer. Ça me rappelle aussi Mère Teresa et Camus…
J’arrive du visionnement du documentaire avec mon gendre et nous avons beaucoup apprécié et ça nous a amené dans des discussions très riches.
Merci Dominique! Ça me donne envie de voir ce film. J’avais une réserve parce que je travaille avec les aînés victimes de maltraitance et que j’ai parfois un trop plein des ombres de notre société, mais il semble que ce film ne va pas dans cette direction.
Personnellement, la quête de sens est ce qui m’a amené à m’intéresser à la simplicité volontaire. Peu importe mes croyances face à la mort, elle habite mes pensées courantes. Je me ramène toujours à ce qui fait du sens pour moi. Ma vision est que je ne vis pas que pour moi, mon nombril, je fais aussi partie de la grande chaîne de l’humanité qui était là avant moi et qui, je l’espère, continuera après moi. Ma quête de sens inclut le fait de laisser aux suivants une quelque chose de positif, proposer un mode de vie axé sur l’humain et le vivre ensemble. Tant qu’il y aura du sens, l’espérance y sera. Au plaisir de recroiser un jour!
Merci Dominique pour cet autre commentaire résumant très bien nos réalités !