Quatre semaines de silence « carnetier »…
Appelons cela des vacances de blogue, même si elles n’étaient pas planifiées! Quelqu’un s’est-il ennuyé de ces rendez-vous manqués? Peu probable, étant donné la nature assez aléatoire de la circulation et des rencontres sur la Toile… Mais qu’importe, je suis content d’être de retour pour ces partages hebdomadaires avec lecteurs et lectrices réguliers ou occasionnels. Merci d’être là.
Aujourd’hui, j’ai choisi de vagabonder au hasard des lectures récentes.
D’abord avec la « une » du Devoir de ce matin : « Incontestable, disent les scientifiques : la Terre se réchauffe. » Et juste au-dessus : « GES : la stratégie d’Ottawa n’aura aucun effet ». De quoi faire fondre toute l’insouciance des vacances d’été! Comment voir venir sereinement le danger (plusieurs scientifiques craignent plutôt la catastrophe) en constatant l’inaction navrante ou les politiques à courte vue de nos gouvernants? Comment dépasser le sentiment d’impuissance, mais aussi la tentation du repli sur son petit bonheur individuel ou familial? Et surtout, comment réagir suffisamment tôt et avec assez de vigueur pour éviter le sort de la grenouille cuite à petit feu?
Vous savez, cette image de la grenouille qui, si elle est plongée directement dans l’eau chaude ou bouillante, va avoir le réflexe de survie de sauter prestement hors du chaudron; mais qui, si elle est déjà dans un chaudron d’eau froide ou tiède qu’on fait chauffer peu à peu, va s’habituer graduellement à la chaleur jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour réagir et qu’elle n’ait plus la force de s’arracher à ce piège mortel… Allégorie qui traduit malheureusement tellement bien l’engourdissement progressif dans lequel nous plonge le monde de facilité et de complexité que nous procure la modernité.
Bien sûr, le pire n’est pas certain. Et il n’est de toutes façons pour nous pas encore pour demain. Bien que pour d’autres (les autochtones de l’Arctique, les insulaires du Pacifique, les populations nombreuses et démunies du Sud), les effets du réchauffement climatique, de la pollution atmosphérique ou de la crise économique sont déjà bien actuels et souvent dramatiques.
Mais oui, l’humanité a une longue histoire (on vient de découvrir que l’humain ne descend pas seulement de l’homo sapiens sapiens mais aussi de l’homme de Néanderthal), le climat a déjà connu bien des variations dramatiques et la Terre n’a pas besoin des humains pour survivre… Piètre consolation quand on pense à l’avenir de ses enfants et de ses petits-enfants. Ou mieux encore, comme on le fait chez les peuples autochtones, quand on pense, avant de faire nos choix, « aux sept générations à venir ».
D’un autre côté, une vision pessimiste ou catastrophiste de l’avenir n’est pas une invention récente! Si plusieurs s’inquiètent de l’avenir de la connaissance, de la culture ou de la langue avec l’explosion des moyens technologiques liés à l’informatique, il est peut-être utile de rappeler, comme le faisait Nicolas Dickner dans sa chronique du journal Voir d’hier, que Socrate lui-même, il y a 2500 ans, voyait dans l’apparition de l’écriture (qui opérait une rupture radicale avec la culture de l’oralité) un danger fatal pour la connaissance alors qu’elle s’est plutôt révélée un outil essentiel dans le développement et la transmission de celle-ci.
Et bien sûr, si les choses peuvent changer rapidement dans une société (il suffit de constater la transformation profonde des « valeurs » privilégiées par les jeunes, de la famille il y a 50 ans à la richesse matérielle et individuelle de nos jours; ou la place de la cigarette dans la société; ou celle des Églises, du Bloc soviétique ou de l’apartheid en Afrique du Sud), elles peuvent encore changer, et pas nécessairement toujours dans le même sens (le fameux « retour du balancier »).
En ce sens, malgré les tendances lourdes (il serait bien téméraire, de notre part, de continuer d’ignorer, comme le font encore trop de nos gouvernements, les menaces considérables que font peser sur notre planète notre volonté de croissance illimitée et notre dépendance encore très considérable aux énergies fossiles), l’avenir n’est pas joué d’avance. Il sera ce que nous en ferons, à notre échelle individuelle comme dans nos choix collectifs. À tous les niveaux, nous ne pouvons esquiver notre responsabilité, même si nous préférons souvent l’oublier. Comme le rappelle souvent Laure Waridel, nous votons mille fois chaque jour, dans chacun de nos choix. À nous de choisir!
La vie c’est un choix. C’est a nous choisir. Mais parfois on ne sait pas que choisir…