Comment changer les mentalités?

Je me demande pourquoi les humains continuent de surconsommer, de polluer la planète, de gaspiller les ressources et, selon toute vraisemblance, de courir à la catastrophe. Et pourquoi ils ne voient pas les dangers de leurs comportements (changements climatiques, pic pétrolier). Il est étrange qu’ils n’arrivent pas à tirer les leçons de leurs excès (crises économiques dues à l’avidité sans borne et à court terme de certains, aux bulles spéculatives, à la dérèglementation).

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Ces interrogations peuvent sembler bien déprimantes. Et pourtant, les humains sont capables du meilleur aussi bien que du pire. On l’a vu dans les luttes (jamais complètement terminées, il est vrai) menées contre l’esclavage, pour la Déclaration universelle des droits, contre l’apartheid, pour la chute du mur de Berlin et du Rideau de fer, contre le tabagisme, pour une plus grande conscience de l’environnement, etc.

Il n’y a rien de fatal ni d’immuable, ni le communisme, ni le capitalisme, ni la religion, ni l’incroyance. Les situations qui semblaient bloquées ou désespérées peuvent changer de manière surprenante ou imprévisible : les pays de l’Est, l’Afrique du Sud, le printemps arabe. Les succès financiers sont rarement durables, qu’on songe à Enron, à Research In Motion, à Nortel et aux crises économiques à répétition. Et la violence ou la répression armée ne règlent rien. Là encore les exemples affluent : Afghanistan, Syrie, Irak, Israël-Palestine, mais aussi le taux de criminalité malgré les taux d’emprisonnement aux USA.

Alors, la simplicité volontaire?

On ignore comment faire monter le niveau de conscience d’une population. On s’interroge sur la façon de modifier les comportements ou de lutter contre la surconsommation et l’hégémonie de l’économie dans nos choix et nos valeurs.

Dans les milieux environnementaux, l’un des débats porte sur la place à accorder aux graves dangers qui nous menacent : faut-il faire peur? « crier aux loups »? insister sur les catastrophes à venir? Les militants ne savent si le pessimisme peut réveiller les consciences, ou s’il faut au contraire, sous prétexte « qu’on n’attire pas les mouches avec du vinaigre », minimiser les risques pour ne mettre l’accent que sur le positif, sur ce qu’on gagnerait à changer nos habitudes.

Ce débat se retrouve aussi dans les milieux de la simplicité volontaire et de la décroissance. CertainEs préfèrent présenter la simplicité volontaire essentiellement comme un choix personnel pour le bonheur, minimisant les aspects collectifs ou contraignants parfois nécessaires pour réaliser les transformations souhaitées. Alors que d’autres mettent l’accent sur l’imminence des culs-de-sac vers lesquels nous nous dirigeons comme sociétés et l’urgence de changements radicaux à opérer si on veut pouvoir éviter le pire.

Mon intention, ici, n’est pas de trancher en faveur de l’une ou l’autre thèse. Mais bien de reconnaître que les changements sociaux ne « tombent jamais du ciel », qu’ils sont toujours le fruit du labeur patient et persévérant de nombreuses personnes, souvent dans l’ombre, pendant des années. Et que ces changements sont souvent l’aboutissement d’efforts multiformes et concertés.


État du monde 2010

C’est exactement ce que démontre l’ouvrage 2010 State of the World publié par le Worldwatch Institute et qui porte, cette année-là, sur les transformations culturelles nécessaires pour « sortir de la société de consommation ».

Dirigé par Erik Assadourian, ce rapport de 244 pages aborde successivement une demi-douzaine de domaines qui contribuent à façonner les cultures et donc à influer, de manière importante, sur les comportements et les choix des individus de cette culture :
les traditions (religions, rites, démographie, aînés, de l’agriculture à la permaculture);
l’enseignement et l’éducation (pour une éducation durable, le mercantilisme chez les enfants, l’alimentation à l’école, les études supérieures);
l’économie (d’un monde vide à un monde plein, les horaires de travail, les cultures d’entreprises, les entrepreneurs sociaux, une économie relocalisée);
la gouvernance (écarter tout comportement non durable, une conception élargie de la sécurité, les villes de demain, la santé repensée, les droits de la Terre);
les médias (le marketing social, maîtrise des médias par la citoyenneté, la musique comme éducation et divertissement)
les mouvements citoyens (réduire le temps de travail, les mouvements de simplicité volontaire, les écovillages).

La page couverture de l’édition originale américaine est à la fois d’une beauté et d’une puissance symbolique remarquables.

Il s’agit d’une œuvre de Chris Jordan qui a travaillé sur une surface de huit pieds par 11 pieds et avec 2,4 millions de déchets de plastique. Il évoque le tsunami consumériste qui est en train de submerger les cultures humaines et les écosystèmes terrestres. Et il le fait en reproduisant une célèbre estampe de l’artiste japonais Katsushika Hokusai, gravée vers 1820, La grande vague au large de Kanagawa.

Déjà publié dans une quinzaine de langues, 2010 State of the World vient de paraître en français sous le titre Comment sortir de la société de consommation aux Éditions de la Martinière, grâce à l’appui de la Fondation Good Planet animée par Yann Arthus-Bertrand. D’un format différent, mais reprenant l’intégralité du rapport à l’exception des photos et des quelques pages synthétisant la « revue de l’année », la version française compte 568 pages. Elle mérite d’être lue par tous ceux et celles qui se demandent comment on fait pour changer les mentalités.

6 réflexions sur “Comment changer les mentalités?”

  1. Jean-Louis Sagot-Duvauroux
    Changer les mentalités ? Peut-être par le plaisir de la fiction. En tout cas j’ai essayé ici avec ce récit en ligne sous licence Creative commons, série 1, épisodes 1 et 2, intitulé L’abolition de la publicité. Parution tous les vendredi. Sans pub ni cash ! https://jlsagotduvauroux.wordpress.com/labolition-de-la-publicite-roman-feuilleton-en-ligne-garanti-sans-pub-et-sans-cash-chapitre-1/ Pour le fun !

  2. Satan Contrôle le monde depuis longtemps maintenant, c’est un fait, on ne peut lutter contre le Malin. Il veut prouver a Dieu que sa création est loin d’être parfaite en exploitant sa faiblesse d’esprit et il prend un certain plaisir a nous voir souffrir.
    Nous perirons en même temps que notre mère la terre.

  3. Malheureusement, la peur a ses limites…

    Malheureusement, dans l’histoire nous a démontré qu’on se réveillera lorsque nous auront les épaules au mur… mais ce n’est pas une raison de rien faire!

    L’inconscience de nos comportements et de leurs conséquences sont loin de nous… parce que nous n’en subissons pas de conséquences directes encore, pas de conséquences directes dans ma cours.

    Facile à dire mais pas à faire, abolissons la télévision et la publicité de toute source, peut-être que nous aurions ainsi une racine du problème de moins… et nous serions moins contrôlables par la pensée et l’imaginaire illusoire.

    Et la question de l’argent et de son origine, son fonctionnement, sa création, à qui cela profite? Pourquoi y a-t-il autant de crédit pour la consommation? Posons-nous la question, moi j’ai mon idée à ces sujets!

  4. Micheline Claing

    Bonjour Dominique,

    J’ai beaucoup aimé ton texte, je l’ai relu plusieurs fois, le titre et les questions me parlent particulièrement. Merci de nous transmettre ces précieuses sources d’informations et pistes d’exploration, ça alimente ma motivation et ma persévérance. Ce livre pique vraiment ma curiosité.

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