Comme plusieurs le savent, les Éditions Écosociété ont joué un rôle essentiel dans la diffusion de la simplicité volontaire au Québec.
D’abord parce que cette petite maison d’édition a republié en 1998 le livre de Serge Mongeau La simplicité volontaire… plus que jamais. Paru une première fois en 1985 et passé alors presque inaperçu , ce livre est devenu depuis le succès de librairie qui est à l’origine du mouvement de la simplicité volontaire au Québec. Mais également parce que Écosociété a publié depuis plusieurs autres livres sur la simplicité volontaire : La voie de la simplicité, pour soi et la planète, de Mark A. Burch (2003), L’ABC de la simplicité volontaire, de Dominique Boisvert (2005), Nous de la simplicité volontaire, ouvrage collectif dirigé par Diane Gariépy (2011). De plus, Écosociété a publié de nombreux autres livres qu’on utilise régulièrement pour parler de certains aspects connexes à la simplicité volontaire (Ralentir, L’empreinte écologique, Objectif décroissance, L’envers de l’assiette, etc.).
Mais comme plusieurs le savent sans doute aussi, les Éditions Écosociété sont la cible, depuis plus de trois ans, de deux poursuites-bâillons (ou SLAPP) respectivement de six millions et de cinq millions de dollars intentées contre elles et les auteurEs du livre Noir Canada par les géantes minières Barrick Gold et Banro. De quoi déstabiliser très sérieusement le travail d’édition d’une si petite équipe et menacer la simple survie financière des Éditions (la poursuite de six millions de Barrick Gold équivaut à 50 fois le chiffre d’affaires des Éditions!).
Écosociété a décidé, dès le départ, de résister, au nom de la liberté d’expression et de recherche, aux menaces formulées par les compagnies avant même la publication du livre. Noir Canada a d’ailleurs été un succès de librairie pour un essai, avec environ 5000 exemplaires vendus. De plus une importante campagne de soutien public s’est développée, y compris un fonds de défense destiné à couvrir une partie des frais exorbitants imposés aux auteurEs et à la maison d’édition par de telles poursuites. Surtout que les compagnies minières, parmi les plus grosses au monde, avaient de leur côté des moyens financiers illimités.
Le 18 octobre dernier, une entente hors cours a été conclue avec l’une des deux compagnies minières (Barrick Gold), peu avant le début d’un procès qui s’annonçait fort long et donc très coûteux, en temps et en argent. Peu importe le résultat, il y aurait certainement eu appel, ce qui aurait prolongé de plusieurs années encore ce combat déjà épuisant pour Écosociété et ses auteurEs.
Malgré ce règlement hors cour et les concessions qu’ont dû consentir les défendeurs pour l’obtenir, ce combat demeure exemplaire à plus d’un égard:
- Le combat d’Écosociété aura contribué, de manière significative, à l’adoption par le gouvernement du Québec d’une loi contre les poursuites-bâillons (une première au Canada);
- Il aura permis la diffusion de Noir Canada pendant plus de trois ans (relayé maintenant par Internet) et suscité le débat public sur le comportement des compagnies minières canadiennes en Afrique;
- Il aura montré comment, dans un pays démocratique comme le Canada, la liberté d’expression et de recherche critique demeure fragile quand elle questionne et s’attaque aux intérêts financiers considérables des grandes sociétés.
Pour cette bataille de principe fondamentale et courageuse, qui opposait véritablement David à Goliath, nous tenons à dire MERCI aux Éditions Écosociété.
Et bonne chance pour la bataille juridique qui se poursuit encore, pour le moment, contre la seconde compagnie minière, Banro.
Bravo pour avoir tenu tête à ces corporations!