Assez c’est assez

assezVoici la traduction d’un texte de Joshua Becker, fondateur du mouvement Becoming minimalist et principal animateur du blogue de même nom.

Publié en juillet 2014, ce texte résume bien ce qui est au cœur de la simplicité volontaire: la reconnaissance de la satiété, une denrée de plus en plus rare dans nos sociétés du “toujours plus” et de la fuite en avant…

La traduction est publiée avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

« Rien n’est suffisant pour celui pour qui assez est trop peu. » (Épicure)

 

Assez est un concept libérateur et une réalité qui désencombre.

Ceux qui ont accumulé assez se retrouvent sans besoins. Il n’est plus nécessaire pour eux de chercher à avoir plus. Au contraire, ils vivent libres et contents.

La plupart d’entre nous sont mus par le désir de posséder assez de biens matériels. Cela est juste et bon : prendre soin de nous-mêmes et de notre famille est un but qui est justifiable.

À cause de ce désir, nous consacrons nos journées à obtenir plus de possessions terrestres, à la fois financières et matérielles.

Mais s’il n’y a rien de mal dans cette quête, je me demande si notre culture n’a pas, de manière involontaire, changé de cap, passant de la poursuite de l’assez à celle de l’excès. Car c’est un fait que la plupart d’entre nous possédons déjà assez :

Notre toit procure un abri à toute notre famille. Nos chambres sont meublées de manière à fournir de quoi s’asseoir et se coucher. Nos tiroirs sont remplis de vêtements. Nos armoires contiennent tout ce qu’il faut de serviettes et de draps. Nos garde-manger et nos congélateurs sont pleins de nourriture. Nos coffres à jouets sont remplis.

Nous avons déjà assez.

Malheureusement, nous vivons dans un monde qui redéfinit constamment cette notion du assez :

  • Il y a 50 ans, une maison de 1000 pieds carrés était considérée comme assez. Aujourd’hui, la moyenne des nouvelles maisons compte 2,300 pieds carrés; et malgré cela, 10% d’entre nous louons en plus de l’espace d’entreposage extérieur.
  • Il y a 30 ans, 1½ télévision par maison était considérée comme assez. Aujourd’hui, la moyenne des maisons américaines contient plus de télévisions qu’il y a de personnes. Et quand chaque pièce en contient une, l’industrie commence à redéfinir assez en termes de grandeur de l’écran et de qualité de l’image.
  • Il y a 15 ans, moins de la moitié des Américains adultes possédaient un téléphone cellulaire. Aujourd’hui, plus de 90% des adultes américains en possèdent un, et 70% des jeunes de plus de 12 ans.

Les publicitaires travaillent sans relâche à redéfinir ce qu’est assez. Dans une société basée sur la consommation, ils sont obligés de le faire.

Le but de la publicité est de remuer en nous l’idée que nous ne possédons pas encore assez. Les publicitaires travaillent pour modifier nos attitudes à l’égard de leurs produits ou services, les faisant passer de « c’est extravagant » à « je le désire », puis à « j’en ai besoin ».

Une fois qu’ils nous ont convaincus que nous en avons besoin, notre achat n’est qu’une question de temps. S’ils peuvent nous faire croire que nous n’aurons pas assez tant que nous ne posséderons pas leur produit, ils savent que nous allons nécessairement chercher à le posséder.

Notre définition du assez a été artificiellement modifiée par des groupes qui y ont intérêt. Et parce que notre nouvelle définition du assez demeure inassouvie, notre capacité de profiter de la liberté qu’assez procure est perdue.

Encore une fois, nous sommes maintenus esclaves de sa poursuite. Nous consacrons toujours plus de nos journées à gagner l’argent nécessaire à financer cette poursuite de toujours plus de biens matériels. Et tout ça, dans le but d’atteindre finalement cet assez.

Mais nous avons déjà assez. Une fois que nous nous sommes entraînés à reconnaître cette vérité, nous devenons libérés de cette poursuite du toujours plus, nous sommes affranchis des liens du mécontentement, et nous commençons à expérimenter la liberté véritable dans notre vie

Mieux encore, quand nous réalisons que nous avons déjà assez, nous devenons libres d’entreprendre des projets plus valables que l’accumulation de l’excès.

 

2 réflexions sur “Assez c’est assez”

  1. Daniel Raymond

    Je suis le blogue de M.Joshua Becker (Becoming minimalist) depuis bientôt 1an. Il écrit sur plusieurs sujets intéressants mettant en vedette la Simplicité volontaire ( mieux connu sous le terme de Minimaliste aux É-U). J’invite le monde à le suivre afin d’aider à faire prendre conscience de l’importance de nos choix de consommation tant au niveau social, écologique ou économique!

  2. Francine Boutin

    Bonjour Madame Boisvert,

    Merci pour votre texte à la fois informatif et inspirant car c’est vrai que nous sommes souvent influencé par la boulimie de consommation qui nous fait miroiter que nous serons plus heureux avec plus toujours plus… Moi j’en ai ASSEZ (dans le sens de ras-le-bol) de cette course, alors je cours de moins en moins vite et je regarde la société s’engouffrer dans une spirale sans fin.

    Continuez à sensibiliser et semer les graines de la simplicité, car cela fait du bien à l’âme!

    Francine

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