« Mon métier et mon art, c’est vivre. »
Montaigne
« Vivre, c’est travailler pour consommer. »
Beaucoup de nos contemporains.
Cette citation de Montaigne (1533-1592), lue hier sur un panneau publicitaire (!) du métro, m’a beaucoup interpellé. Pourquoi vivons-nous? À quoi consacrons-nous notre vie? Que voulons-nous faire de cette vie?
Pouvons-nous dire, comme le philosophe français, que notre but et notre principale activité est de vivre? Ou devons-nous admettre que nous consacrons la plus grande partie de notre vie à chercher de l’argent pour acheter… ce que nous croyons (ou espérons) être de la vie!
Cette question, centrale, est aussi posée par l’agriculteur, penseur et poète Pierre Rabhi, entre autres dans son plus récent livre Vers la sobriété heureuse (dont on pourra lire une recension aux pages 21 et 22 du dernier bulletin du Réseau québécois pour la simplicité volontaire) : la modernité, de plus en plus détachée de l’enracinement nourricier de la terre (ce qu’il appelle une culture « hors sol ») nous a fait oublier l’essentiel, qui est précisément de vivre. Et à courir après le « toujours plus » (ces « besoins insatiables de l’humain » comme le rappelait Aristote il y a 2500 ans), non seulement en quantité mais aussi en rapidité, en diversité et en nouveauté, nous en sommes venus à oublier le présent, le concret, l’essentiel, la vie.
Et pour vous, qu’est-ce que « vivre »?
J’ai passé de nombreuses années à me préparer à vivre, plutôt qu’à vivre pleinement ce qui était devant moi, tout simplement. Je pensais que je vivrais enfin – un jour – lorsque j’aurais un diplôme, un travail, une femme, une maison, des enfants, une piscine, des voyages, etc. J’ai plutôt découvert pour moi-même ce que “vivre” n’est pas. Je me suis rendu compte qu’on m’avait vendu une recette, et que durant ma “préparation”, je n’avais pas véritablement vécu chacun de mes instant.
J’ai découvert la simplicité volontaire en lisant l’oeuvre de Henry David Thoreau. Il résume lui-même le but de sa démarche ainsi:
“Je voulais vivre intensement et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n’aurai pas vécu”.
C’est aussi ce qui m’anime et motive mes démarches de SV.
La vie, c’est fait pour la vivre. Et je souhaite ardamment pouvoir affirmer un jour que j’en ai fait mon métier et mon art.