Au moment où le Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV) tient l’assemblée générale de sa 11e année d’existence (dans quelques heures), il est très intéressant de lire un document de 22 pages venu d’Australie : The Voluntary Simplicity Movement: A Multi-National Survey Analysis in Theoretical Context, rédigé par Samuel Alexander et Simon Ussher qui sont codirecteurs du Simplicity Institute.
Les auteurs travaillent à partir d’un sondage en ligne d’une cinquantaine de questions auquel ont répondu jusqu’ici plus de 1750 personnes d’un peu partout dans le monde. En ne conservant que les répondantEs qui ont fait de la simplicité volontaire leur mode de vie à long terme, les données analysées provenaient d’un peu plus de 1600 personnes, ce qui donne un échantillon déjà significatif. D’ailleurs, le sondage en ligne se poursuit et vous pouvez vous-mêmes y participer. Et les auteurs se sont engagés à mettre périodiquement à jour leur analyse en fonction des nouvelles données colligées.
Le document se divise en deux grandes parties. Avant de procéder à l’analyse des données du sondage lui-même, les auteurs examinent (pp. 1-8) le contexte global dans lequel la simplicité volontaire devient importante : une empreinte écologique globale démesurée, la pauvreté au milieu de l’abondance, la surpopulation, la poursuite d’une croissance économique illimitée, le pic pétrolier et enfin, le malaise diffus de la surconsommation. Ils concluent la première partie en montrant comme la SV apporte une réponse holistique à ces divers problèmes. Par la suite, ils abordent l’analyse du sondage comme tel : contenu et méthodologie, répartition démographique des répondantEs, caractéristiques principales de la pratique simplicitaire, diversité des motivations, degré de satisfaction ou de bonheur, utilisation de l’argent comme façon de voter, principaux obstacles à la pratique de la simplicité volontaire, conscience de groupe et sensibilité politique émergentes.
Ce qui est fascinant, c’est que ce document de type universitaire apporte non seulement une foule de données empiriques intéressantes permettant de mieux cerner la réalité de la simplicité volontaire plutôt que son seul aspect théorique, aussi souhaitable puisse-t-il être, mais qu’il fournit aussi énormément de références détaillées à une foule d’autres ressources, documents ou publications sur toutes les questions abordées (il y a 88 notes de bas de page, et la plupart sont substantielles).
De plus, l’analyse ne simplifie pas les questions en prétendant que la simplicité volontaire puisse être la solution à tous nos problèmes, ni surtout qu’elle soit facile à pratiquer par le plus grand nombre. Les auteurs montrent au contraire comment, au-delà des gestes et des choix individuels qui ont souvent caractérisé, dans l’esprit de plusieurs, la simplicité volontaire par opposition au mouvement pour la décroissance, il est essentiel d’obtenir des gestes et des décisions politiques qui faciliterontl’adoption de comportements simplicitaires par une portion significative de la population.
Les auteurs concluent que la simplicité volontaire, si elle n’est encore qu’un mouvement social et politique en émergence, est l’une des rares philosophies et anthropologies qui apporte une réponse cohérente aux principaux problèmes de notre époque, en allant aux racines mêmes de ceux-ci plutôt que de se contenter d’en traiter certains aspects.
Une recherche qui vaut vraiment le détour!
La question de qui “fait partie du mouvement” de la SV ou pas est une question très intéressante dont j’ai déjà parlé, entre autres, le 23 avril 2010 dans mon billet sur “Les simplicitaires anonymes”.
Si le “mouvement” de la SV est l’espèce de “courant social” ou de tendance de nombreux individus cherchant à vivre plus simplement, alors TOUS ceux et celles qui pratiquent la SV d’une manière ou d’une autre en font AUTOMATIQUEMENT partie, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils en soient conscientEs ou non, puisqu’il s’agit d’une caractéristique de société qui est constatée après coup, par les journalistes, sociologues ou autres chercheurEs qui analysent les comportements sociaux.
Par contre, si le “mouvement pour la SV” signifie une organisation quelconque (comme le Réseau québécois pour la simplicité volontaire ou n’importe quel autre groupe précis, local, régional, national ou international), alors là se pose la question que Gilles aborde dans son commentaire: qui fait partie ou non d’une telle organisation ou d’un tel groupe (chacunE ayant ses propres règles d’adhésion et de fonctionnement).
Et dans ce contexte de “membership” précis, NON il n’est pas du tout nécessaire de faire partie d’une organisation de SV pour la pratiquer. La SV est offerte à chacunE, en toute liberté et gratuité, et chacunE à son niveau et à sa manière.
Mais une (ou des) organisation(s) de SV sont utiles et nécessaires pour faire la promotion active d’un tel mode de vie, tant aux niveaux individuel que collectif. Et une (de) telle(s) organisation(s) sont aussi essentielles pour faire un travail “culturel” (c’est-à-dire travailler à faire évoluer les mentalités sociales) et “politique” (travailler à faire avancer les priorités et les choix collectifs favorisant les pratiques individuelles de la SV).
D’où l’importance que de nombreux simplicitaires individuels, qui n’ont PAS besoin d’organisation pour l’être, deviennent aussi membres conscients et engagés (chacunE à son niveau et à sa façon) d’organisations qui travaillent ouvertement à l’avancement de cette philosophie de vie.
La simplicité volontaire est un mouvement intéressant mais a t-on besoin d’en faire partie pour être un simplicitaire ? Pour ma part je suis un adepte d’une vie plus simple basé sur moins de choses car les objets nous encombrent physiquement (par la place qu’ils prennent) mais aussi mentalement (fouillis). Je regarde avec beaucoup d’intérêt toutefois ce mouvement car il y a de bonnes ressources comme ton livre d’ailleurs l’ABC de la simplicité volontaire.
Je vous remercie pour cet article et pour nous diriger vers ce site et article sur la simplicité volontaire. J’ai rempli le questionnaire en ligne moi aussi.
En vous remerciant,
Zoé
Je viens de lire le document et j’ai rempli le sondage en ligne. Très intéressant et inspirant. La simplicité volontaire à mon avis est pratiquée par beaucoup de gens qui parfois peuvent se sentir seuls. En ce sens, ce n’est peut-être pas tout à fait un mouvement de société, du moins pas encore… mais lorsque cette option ne sera plus perçue comme marginale et deviendra synonyme de bonheur plutôt que de privations, qui sait?
Merci de partager tes réflexions, tes lectures et tes trouvailles.