En ce Jour de la Terre 2014, le défi du changement

jour-de-la-terre-2014-baleineAu Québec, lorsque vous demandez à un ami ou un voisin ce qu’il fait pour protéger l’environnement, il vous répondra presque immanquablement, « Je fais mon recyclage! ». D’autres, plus engagés, vont dire : « J’achète le plus possible local et bio! ». D’autres enfin, mentionneront : « Je fais du compostage et je prends, aussi souvent que possible, les transports en commun!».

Ces gestes individuels, quoique d’une valeur éthique et écologique significative, restent d’une importance environnementale limitée car les impacts positifs qu’ils engendrent sont surtout locaux et à petite échelle. De plus, ces gestes sont relativement faciles à aborder dans une discussion ou un débat écologique, car ils n’ont pas tendance à soulever de passions.

Toutefois, plusieurs thèmes, mentionnés ci-après, ont un impact environnemental déterminant et sont beaucoup plus difficiles à discuter en privé ou à présenter en public. En effet, ils bouleversent fréquemment des éléments fondamentaux de notre mode de vie actuel, de nos valeurs et de notre conception du progrès.

 

·   Réduire la taille de sa famille en ayant moins d’enfants;

·   Diminuer l’usage de l’avion pour des voyages non essentiels;

·   Réduire la taille des maisons ou/et des véhicules souvent surdimensionnée par rapport aux besoins ;

·   Manger moins fréquemment de la viande et des poissons;

·   Promouvoir un meilleur partage des richesses: des dirigeants de compagnies gagnent des millions par année (par ex. : Monique Leroux, pdg des Caisses populaires Desjardins a gagné en 2013, 3,34 M $);

·  Promouvoir un meilleur partage des ressources : 1% des plus fortunés possèdent à eux seuls 46% des actifs mondiaux (Étude du Crédit Suisse, 2013);

·   Densifier les villes et ainsi réduire l’étalement urbain, qui est un des problèmes environnementaux structurants les plus importants;

·  Réduire, de façon importante, la surconsommation de biens matériels.

 

L’obstacle majeur pour protéger l’environnement réside dans le fait que les importantes questions qui précèdent ne peuvent pratiquement pas être abordées en discussion de façon sereine. En effet, en soulevant ces thèmes, il y aura toujours des gens qui se sentiront coupables : l’un se reconnaîtra avec sa maison surdimensionnée, l’autre se sentira mal-à-l’aise de faire des déplacements excessifs matin et soir pour se rendre et revenir du travail, un troisième enfin aura honte d’être accro au shopping et à la consommation tous azimuts, etc.

Même si le sujet abordé est bien fondé sur le plan environnemental, le sentiment de culpabilité prendra souvent le dessus et se transformera en retrait, en argumentation défensive ou carrément en attaque. Pour espérer obtenir une adhésion à la cause environnementale, le véritable défi consiste à aborder la dynamique de changement social avec méthode, respect et patience.

Colette Portelance, dans son livre « Relation d’aide et amour de soi » (1998), décrit une méthode intéressante visant le changement des individus et, par extension, le changement social. Cette méthode comprend 7 étapes dont les plus importantes sont : la prise de conscience, l’acceptation, la responsabilité et le passage à l’action créatrice.

Pour sa part, le respect de la personne et de ses arguments est essentiel si l’on veut qu’il y ait progrès dans la compréhension mutuelle. Encourager son vis-à-vis à exprimer ses arguments, en s’y intéressant vraiment, peut permettre de créer une ouverture.

Finalement, la patience est nécessaire car les changements individuels et sociaux prennent du temps. Personnellement, j’ai mis 40 ans avant de vivre sans auto.

Les difficultés rencontrées, lorsqu’on aborde certains thèmes environnementaux importants, constituent un véritable défi au changement, qu’il est bon de rappeler en ce Jour de la Terre 2014.

6 réflexions sur “En ce Jour de la Terre 2014, le défi du changement”

  1. Paul-André Martineau

    Je viens de lire votre lettre dans Le Devoir (que je lis toujours en retard…). Félicitations, tant qu’à moi c’est en plein dans le mille… en y ajoutant que ce sont toujours les autres, et pas nous, qui doivent faire plus d’efforts.

  2. Je me doutais que votre première proposition ferait réagir les lecteurs… limiter la taille de sa famille est, je pense moi-aussi, une question essentielle qu’il faudra un jour que chacun se pose. Non pas parce qu’avoir une famille nombreuse témoigne d’un comportement foncièrement mauvais. Mais parce que nos ressources s’épuisent, que les terres agricoles qui nous nourrissent disparaissent sous le béton… Et si Malthus revenait sur le devant de la scène !? C’est peut-être sa doctrine qu’il nous faudra un jour appliquer, alors autant qu’elle le soit de manière volontaire.
    Ne devrions nous pas également revoir dans le même temps notre notion de famille pour une nouvelle plus large. Une famille qui ne se restreindrait pas à nos enfants biologiques. Une redéfinition qui pourrait amené certains à “compenser” leur besoin d’enfants en s’intéressant à ceux qui ne sont pas de leur sang mais vivent à côté de chez eux ou plus loin. Une telle redéfinition pourrait renforcer les liens qui nous unissent tous, être vecteur de plus de fraternité, de solidarité et, si j’osais, d’Humanité.
    Cette vision est la mienne et je comprends aisément qu’elle puisse bousculer. C’est sûrement pour cela que je la garde généralement pour moi. Ce billet m’a donné l’envie de l’exprimer…

  3. Andrée Fafard

    Réduire la taille de la famille, une mesure écologique??????? Dans mon entourage, il y a des familles nombreuses. Ce sont les familles les moins consommatrices que je connaisse : on ne fait pas de surconsommation, on gère le ré-emploi, on restreint les déplacements à l’essentiel, etc. Surtout, on n’a pas d’autres choix que de mettre de l’avant les valeurs et les comportements qui favorisent le “vivre ensemble”. À ma connaissance, plus on consomme, moins on n’a d’enfant… parce qu’un enfant coûte soi-disant cher, surtout si on veut tout lui offrir!!!

    1. Un enfant nord-américain a un potentiel de surconsommation beaucoup plus grand qu’un enfant d’un pays sous-développé. Je demeure a côté d’un CEGEP: le stationnement déborde tous les jours et les étudiants ne covoiturent pas. Il suffit de voir le trafic près des écoles et les parents en SUV qui viennent reconduire les enfants.

  4. Les groupes écolo dépensent beaucoup d’énregie dans toutes ces petites actions pas vraiment utiles. Les gens de mon quartier ont bonne conscience d’utiliser des sacs recyclables fabriqués en Asie pour faire leurs courses dans leur SUV à moins de 1 km de la maison.
    Les changements de société doivent être plus profonds.
    Ceux qui le peuvent doivent aussi investir leur épargne dans les actions des compagnies publiques, ce qui leur donne le droit de vote aux assemblées d’actionnaires et un véritable pouvoir sur les dirigeants et leur salaire, et joindre des groupes comme le MEDAC pour des formations de base pour investisseurs individuels.

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