L’exploitation des sables bitumineux a débuté en 1970, en Alberta, avec la découverte d’un très gros potentiel de production. Toutefois, ce n’est qu’en 2000 qu’en a débuté l’exploitation à grande échelle, à la faveur d’une augmentation de la demande mondiale de pétrole, de conflits géopolitiques et d’une augmentation des prix dépassant les 100$ le baril. Ce contexte particulier a fourni des conditions favorables permettant l’exploitation d’un pétrole cher et très polluant. Depuis quelques mois, la demande et les prix ont chuté dramatiquement pour atteindre moins de 30$/baril. Ce contexte ne semble pas près de s’améliorer en considérant, entre autres, le retour de l’Iran, cet acteur majeur sur le marché mondial des hydrocarbures.
Quoique le coût de production d’un baril de pétrole soit un secret industriel bien gardé par les différents acteurs, celui-ci semble bien supérieur actuellement au prix de vente du pétrole canadien. Le bas prix du baril de pétrole est maintenu par un excès de l’offre sur la demande au niveau des marchés internationaux. En particulier, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) refuse de diminuer sa production. Serait-ce là une stratégie pour éliminer les exploitants de pétrole dit « non conventionnel » qui ont des coûts de production plus élevés? Dans un climat de compétition internationale féroce, ont est porté à le croire.
Le Canada, avec son pétrole dispendieux et à forte production de gaz à effet de serre, ne pourra pas produire à perte indéfiniment. De même, à plus long terme, on peut prévoir que les contraintes reliées aux problèmes des changements climatiques se feront sentir de plus en plus lourdement sur la consommation de pétrole. N’oublions pas que d’ici 2030, il y aura trois autres rencontres internationales de type COP 21 qui créeront de très fortes pressions à la baisse sur la consommation d’hydrocarbures.
Dans ce contexte, les projets canadiens de construire un oléoduc de 15 milliards $ d’ici 2020 et de doubler la production des sables bitumineux d’ici 2030 apparaissent pour le moins risqués financièrement.
En conclusion, nous croyons que l’industrie des sables bitumineux canadiens ne sera pas en mesure de soutenir la concurrence sur les marchés internationaux à court et à moyen terme et que, par conséquent, on doit conclure à une erreur stratégique d’avoir développé cette filière. Quoi faire maintenant? Le plus sage serait de stabiliser la production, cesser les investissements structurants, dont l’oléoduc Energie Est, et attendre de voir de quel côté le vent va souffler d’ici 5 à 10 ans.
Qui dit “BOOM” dans quelque secteur que ce soit, doit dire “BUST” soit sa suite inéluctable!
Je suis toujours abasourdie de constater que les investisseurs et les politiciens sont toujours surpris quand ça arrive. Dans le cas de l’exploitation des sables bitumineux, je suis surtout interpellée par le sort des travailleurs et leurs familles aux prises avec des bungalows dans les 6 chiffres à Fort McMurray et alentours, dont la valeur marchande va s’effondrer. C’est une catastrophe que j’anticipe depuis plusieurs années et qui bientôt fera les manchettes…comme si on n’avait rien vu venir…voyons donc! Et oui, Mme Grenier, c’est une erreur stratégique et c’est simplement ENCORE du pillage car si on devait inclure les véritables coûts environnementaux et humains (les Premières Nations) dans l’équation, ça n’a jamais été et ce ne sera jamais rentable.