En quête d’un nouveau monde…

en-quete-de-sens-45246-600-600-FJ’ai vu récemment, avec ma compagne Céline, un film que je m’imaginais «sympathique» mais qui s’est révélé beaucoup plus beau, riche et stimulant que ce que j’attendais: En quête de sens… de Nathanaël Coste et Marc de La Minaudière.

Deux jeunes Français qui partent autour du monde à la recherche des signes de changement, c’est effectivement sympathique, et d’ailleurs pas si original que cela. Que ce documentaire ait été largement produit par du socio-financement (le nom des 963 internautes qui ont co-produit le film est d’ailleurs au générique), cela arrive aussi de plus en plus souvent. Que le film réussisse à tenir l’affiche dans des cinémas commerciaux plus qu’une semaine, cela est déjà beaucoup plus rare, surtout quand les auteurs sont parfaitement inconnus.

Mais ce qui m’a le plus touché dans ce film (à part la beauté des images et le «professionnalisme» du produit final, surprenant pour un documentaire réalisé dans de telles conditions), c’est la rencontre de plusieurs acteurs et actrices du changement sur trois continents, certains plus connus (comme Pierre Rhabi ou Vandana Shiva), mais d’autres parfaitement inconnus (de moi, en tous cas! :-), comme Chaty Secaria, Bruce Lipton, Trinh Xuan Thuan, et bien d’autres. Des gens proprement extra-ordinaires, mais tous éminemment simples, souriants, visionnaires (c’est-à-dire capables de voir dès maintenant le monde qui est en train de naître à travers les multiples soubresauts et douleurs de l’enfantement). Comme autant de Laure Waridel (excuse-moi, Laure, de te citer en exemple) de tous âges et de toutes langues, qui ont le don de nous faire voir la (vraie) réalité et la capacité de faire appel au meilleur de nous-mêmes. Sans nous annoncer la «fin du monde» ni nous culpabiliser, mais plutôt en nous donnant le goût de faire comme eux, chacun à notre manière. Mais surtout en nous aidant à voir le monde autrement, en rendant possible ce qui nous apparaissait jusqu’ici impossible, en témoignant concrètement de tout ce qui est déjà, au coeur de notre vieux monde, les germes vigoureux et prometteurs du monde à venir.

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Nous sommes, je le crois profondément et le répète depuis déjà plusieurs années, au coeur d’un changement d’ère: un bouleversement du monde aussi profond que lors de la découverte du feu ou de la roue, de l’arrivée des premières sédentarisations, de l’invention de l’imprimerie ou des premiers moteurs à combustion. S’il fallait nommer une seule cause (il y en a plusieurs) de cette transformation fondamentale, je dirais l’informatique et tout ce qu’elle a rendu possible: tout transformer, des images aux sons et des idées aux émotions, en passant par les mots, les chiffres et les odeurs en une succession ininterrompue de 0 et de 1.

Les développements fulgurants de l’informatique, des sciences, de la démographie et de la mondialisation expliquent, pour une grande part, les mutations profondes que toutes nos sociétés connaissent, des plus «développées» à celles qui ont été le moins altérées par nos «progrès». Rien qui ne soit touché par ces bouleversements: religions, économie, systèmes politiques, fonctionnement du cerveau, défis éthiques, art et culture, etc. Et, grâce aux communications quasi instantanées et planétaires, une connaissance jusqu’ici inégalée de ce qui se passe partout ailleurs: notre village d’autrefois s’est non seulement déplacé en ville, mais notre sentiment d’appartenance dépasse de plus en plus les frontières.

En ce sens, l’utopie n’est plus du côté de ceux qui entrevoient un monde différent, mais plutôt du côté de ceux qui croient encore possible le maintien du monde actuel. Le monde de demain sera inévitablement un monde sans énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), ou il ne sera plus. Le monde de demain sera nécessairement un monde où l’idée de croissance illimitée aura disparu, ou il ne sera pas. Le monde de demain aura dû accoucher (non sans douleurs) d’une gouvernance internationale croissante s’il veut avoir survécu aux affrontements croissants d’intérêts si multiples et contradictoires. Bref, notre monde sera profondément différent de ce qu’il est maintenant si nos petits-enfants peuvent encore l’habiter quand ils auront notre âge. Ce n’est même pas une prédiction: c’est une simple évidence pour quiconque réfléchit plus loin que la prochaine échéance électorale ou la prochaine assemblée des actionnaires!

Mais trop rares sont encore ceux et celles qui articulent déjà, en idées comme en réalisations concrètes, ce monde en gestation. Et c’est à la rencontre de ces visionnaires que nous emmène En quête de sens…  On ne saurait trop remercier Nathanaël et Marc!

Et comme le disait ma compagne, un des grands mérites du film, c’est de nous parler de tous ces sujets exigeants ou difficiles dans un climat de beauté, de sourire et de presque légèreté (par opposition à la «lourdeur» que comportent trop souvent nos discussions, nos réunions ou nos mobilisations sur ces «grosses» questions sociales et politiques).

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Le film est encore à l’affiche en salle au moins pour quelques jours (et si vous y allez nombreux, peut-être encore pour quelques semaines!) au Cinéma Beaubien à Montréal et à la Maison du cinéma à Sherbrooke. Le film est encore projeté également, à certaines dates en février, au moins à Rimouski, Gatineau, Trois-Rivières et Cowansville (voir l’activité du film au Québec sur sa page Facebook. Le DVD du film sera enfin disponible au Québec à partir de mai 2016.

L’aventure elle-même du film, de l’idée originale (un jeune Français qui fait beaucoup d’argent à New-York et que rien ne prédestine à cette quête autour du monde) jusqu’à sa diffusion actuelle (en dehors des circuits commerciaux du cinéma), est toute entière à l’image de ce projet de monde différent. Pour en avoir une meilleure idée, on peut consulter le dossier de presse du film qui donne déjà le goût de construire ce monde.

On pourrait ajouter ici plein d’autres ressources (livres ou films) qui nous entraînent à la rencontre de ce monde nouveau. À commencer par le film DEMAIN, de Cyril Dion et Mélanie Laurent, documentaire qui a ouvert la grande Conférence de Paris sur les changements climatiques (COP21) et qui est aussi un livre paru tout récemment. Et plusieurs autres livres comme Un million de révolutions tranquilles, Comment les citoyens changent le monde, de Bénédicte Manier, 100 pionniers pour la planète, Des solutions pour une croissance verte, de Dimitri Caudrelier et Matthieu Roynette, 80 hommes pour changer le monde, de Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux (ces deux derniers livres étant présentés de façon convaincante par Patrice Van Eersel au micro de Jacques Languirand), etc.

Bref, allez voir En quête de sens… Et s’il ne passe pas près de chez vous, organisez vous-mêmes une projection: c’est comme ça que le film circule le plus depuis maintenant un an. Vous ne le regretterez pas!

2 réflexions sur “En quête d’un nouveau monde…”

  1. Bonjour,
    Nous organisons une projection de ce film à Saint Jérôme le 22 février prochain, à 19h. Il y aura un temps d’échange après la projection. J’ai déjà vu le film avec le réalisateur et je suis bien d’accord avec l’analyse de Dominique Boisvert. Pour les personnes qui sont intéressés à venir à cette soirée ciné-échange, vous n’avez qu’à appeler au Centre, 450-432-5668.
    Merci,
    Manon Lefebvre
    Coordonnatrice

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