À force de lire et de rester assise devant mon ordinateur, je crains fort de bientôt souffrir de stéatopygie. Et ça me rappelle cette solution qu’avaient trouvée, dans le temps, les Frères et les Pères de mon patelin : ils lisaient quotidiennement leur bréviaire en marchant à vive allure, aller/retour, sur la longue galerie de leur grande maison, presbytère, couvent ou Grand Séminaire. Astucieux, ces gens-là! Ces grands corridors extérieurs leur permettaient de faire de l’exercice tout en ayant le nez (et les yeux) dans leurs livres de sanctification.
Chez moi, il m’est impossible de lire en marchant. Je risquerais de valdinguer sur des obstacles tels que l’aspirateur, la chaise berçante, le panier à journaux et les jouets du petit-fils! Mais combien j’aimerais pouvoir quitter ma chaise…tout en continuant mes lectures!
Actuellement, mon livre de sanctification, c’est le Manuel de transition[1] que je relis pour la deuxième fois avec autant d’intérêt que la première. Ah, les initiatives de transition! Combien cela m’enthousiasme! Je relis le Manuel pour développer de la compétente face aux demandes de certaines personnes qui veulent en savoir plus là-dessus et qui caressent sans doute le désir de se lancer bientôt dans l’aventure…
Autre projet de lecture : j’ai bien hâte de retrouver La fin de l’abondance[2] dont je n’ai lu que la préface d’Hervé Philippe. Je feuilleté le reste rapidement. Pour réaliser tout aussi rapidement que j’allais devoir le lire… lentement. Ça ne me semble pas facile, facile. On va quand même s’y essayer…
Et pour me récompenser d’avoir fait cet effort de lire La fin de l’abondance, je vais ensuite m’offrir le luxe de lire le tout petit essai de la collection Résilience : La permaculture[3]. C’est presque en format de poche, couverture verte, bien sûr, avec de beaux petits dessins pour expliquer des trucs concrets à partir d’une approche (quand même un peu songée) de nos rapports à la Terre, aux plantes, aux humains. Ça m’intéresse particulièrement parce que je participe, pour toute la durée de la belle saison, à un jardin collectif dans le quartier Parc-Extension. Une animation très chouette avec des gens très chouettes aussi.
Et je ne pourrai certainement pas m’empêcher de rouvrir Le jardinier-maraîcher[4] qui en est rendu à sa 5ème ré-impression!!! Ce manuel pratico-pratique se vend comme des petits pains chauds. Je vous le recommande.
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Bon. Ça, c’était pour les ouvrages parus chez Ecosociété. Mais il n’y a pas que ça, dans la vie. La preuve : je vais aussi vous mentionner deux ouvrages lus récemment et qui m’ont éblouie. Et un troisième qui mérite aussi le détour.
Il s’agit d’abord de Un million de révolutions tranquilles[5]. Face au découragement général dans notre société à bout de souffle, une recension de toutes ces petites révolutions locales concernant le monde du travail, l’économie, l’habitat, la santé ou l’environnement. Ça vivifie, ça redonne du courage. J’avais eu l’occasion de rencontrer l’auteure, Bénédicte Manier, une journaliste française qui s’est intéressée à couvrir non seulement l’Europe et l’Amérique du Nord dans ses reportages mais aussi des populations connues et moins connues d’Asie et d’Afrique.
J’ai aussi eu la chance de serrer la main de Marie-Monique Robin qui a publié Les moissons du futur[6]. Son livre est magistral. Vous voulez avoir un survol des enjeux sur l’état de l’agriculture, l’avenir de l’alimentation, ses enjeux internationaux? C’est là. C’est concret. Et elle n’a pas froid aux yeux, cette autre journaliste française, et elle ne lâche pas le morceau quand elle dénonce une situation! Ça se lit comme un roman; on ne veut surtout pas s’arrêter pour aller préparer le souper.
Sans oublier Aimer (quand même) le XXIe siècle[7]. Un bel effort de Jean-Louis Servan-Schreiber pour nous réconcilier avec les temps actuels. Même si certains propos me gênent un peu (il prétend qu’il y a moins de guerres que par le passé: sans doute parce que les actuelles ne se passent pas en Europe -chez lui- comme en 1914-1918 et en 1939-1945!), la plus grande partie du livre me semble très pertinente: par exemple, sa critique du rythme de nos vies, de nos rapports ambivalents face à l’informatique, le défi de se reconstituer des croyances partagées alors que le christianisme (qui avait constitué la seule source de notre éthique commune) est en baisse, du moins chez nous.
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Et je n’ai même pas encore mentionné la pile de bons romans à lire ou à relire! Comme…
Le bonheur a la queue glissante, Abla Faroud (son premier roman)
La Chute du corps, Hélène Le Beau (aussi son premier roman)
L’Immeuble Yacoubian, Alaa El Aswany
Joseph Anton, Salman Rushdie
N’entre pas dans mon cœur avec tes chaussures, Natasha Kanapé Fontaine
La traversée de la France à la nage, Pierre Petrolin
Anita, une fille numérotée, Claude Jasmin
Oui, vivement un presbytère pour que je puisse, active, continuer à lire pendant des heures!…
[1] Rob Hopkins, Manuel de transition, De la dépendance au pétrole à la résilience locale, Ecosociété, 2010
[2] John Michael Greer, La fin de l’abondance, L’économie dans un monde post-pétrole, Ecosociété, 2013
[3] Graham Burnett, La permaculture, Une brève introduction, Ecosociété, 2013
[4] Jean-Martin Fortier, Le jardinier-maraîcher, Manuel d’agriculture biologique sur petite surface, Écosociété, 2012
[5] Bénédicte Manier, Un million de révolutions tranquilles, Les livres qui libèrent (LLL), 2012
[6] Marie-Monique Robin, Les moissons du futur, Comment l’agroécologie peut nourrir le monde, Stanké, 2012
[7] Jean-Louis Servan-Schreiber, Aimer (quand même) le XXIe siècle, Albin Michel, 2012
merci Diane pour ces belles suggestions.Je vais de ce pas réserver quelques titres a ma bibliothèque.Ne te gène surtout pas de nous donner des nouvelles suggestions,j’adore lire sur ces sujets.Je profite de ce moment pour souhaiter a toute l’équipe un bel été et merci pour tous ces reportages passionnants.Au plaisir de vous relire bientôt!
Merci pour ces suggestions, Diane! L’été ne sera pas assez long encore cette année!
J’aimerais ajouter que la traduction de “La permaculture” a été faite par Stéphane Groleau, un amiE de la Terre très actif en environnement et agriculture urbaine de Québec. Selon la critique lue dans Le Soleil, la traduction serait “très juste”.
J’en profite pour dire à Dominic et collaborateurs à quel point j’apprécie chaque page du carnet.
Bon été à tous!
Merci Diane pour cette belle brochette de suggestions de lecture, présentée avec humour, ce qui ne gâche rien. Je vais mettre Aimer (quand même) le XXIe siècle de Jean-Louis Servan-Schreiber à mon programme pour l’été.