Il fut un temps où j’estimais nager dans le courant de la simplicité volontaire à chaque fois que je balayais d’un œil sévère tous les coins et recoins de mon logement dans le but héroïque de séparer l’utile du superflu, de dire Oui aux besoins essentiels et Non aux frivolités.
Mais je me suis vite rendue compte qu’il y avait un lien à faire entre le vacuum du grand ménage du printemps et la fièvre des soldes de juillet. Au bout du compte, je consommais davantage en me débarrassant des « frivolités » au printemps pour faire de la place aux autres trucs à acheter un peu plus tard. Objets qui deviendraient à leur tour, des « frivolités » au printemps suivant. Consommation, quand tu nous tiens !
Une femme avertie en vaut deux. J’ai donc évolué. Et je me suis alors laissé charmer par la mode du design à la japonaise : murs dénudés, grands espaces vides, quelques matériaux « nobles », une plante grasse bien en vue. C’était beau. C’était reposant. Dans un monde constamment agressé par le bruit, la publicité, le tape-à-l’œil, il fait toujours bon de pouvoir revenir chez soi et de pouvoir y respirer à l’aise, de pouvoir y méditer et se recentrer. Le leitmotiv de cette période de ma vie, c’était : Distinguer les attractions profondes des distractions.
Puis, c’est au fil de lectures et de contacts avec de belles personnes engagées socialement que j’ai ouvert les yeux sur une nouvelle approche : La simplicité volontaire comme moyen efficace de pouvoir faire face aux défis collectifs d’aujourd’hui. J’en suis rendue là aujourd’hui.
La simplicité volontaire à plusieurs pour assurer la résilience de nos communautés lors des temps durs qui ne manqueront pas de venir à plus ou moins long terme.
La simplicité volontaire = Se procurer l’essentiel de façon collective.
L’essentiel ?
Pour faire court, disons que l’essentiel, c’est : respirer, boire, se nourrir, se réchauffer, et se mettre à l’abri des animaux dangereux (!). Au plan psychologique et social, il est essentiel d’ajouter: « Aimer et être aimé ». « Aimer » impliquant de s’investir soi-même dans sa communauté (la res publica des Anciens) et « Être aimé » ou Se sentir apprécié, en confiance, heureux, et fier d’appartenir à sa communauté locale (famille élargie, voisinage, quartier).
De façon collective ?
Nous vivons dans une société de consommation. Nous vivons aussi dans un monde d’individualistes : à chacun sa maison, son budget, sa piscine, son auto, ses problèmes personnels et des réponses personnelles pour ses problèmes personnels. L’esprit de compétition a remplacé la coopération, les bonnes idées et le talent servent désormais à « percer » sur la place publique et l’on fait grand cas de tous ceux qui ont « réussi ». Struggle for life ! Et Que les meilleurs gagnent !
Or, si depuis la nuit des temps l’être humain survit, c’est à cause de l’entraide, de la solidarité. Nous sommes grégaires. Comme les loups, les abeilles et un tas d’autres bibittes. Avec ce qui s’en vient (changements climatiques, rareté du pétrole à bon marché, effondrement de l’économie telle que nous la subissons actuellement) nous n’avons plus le choix de nous préparer à retrouver les habiletés nécessaires pour être davantage « solidaires» que « solitaires ».
Bref, avec ce contexte du capitalisme décadent, très vite, on se retrouvera avec une simplicité volontaire collective et joyeusement consentie ou avec une simplicité involontaire dans la contrainte de devoir vivre de nouveau avec d’autres … sans s’y être préparés.
Cette nouvelle façon de voir la simplicité volontaire en répondant à nos besoins essentiels de façon collective, on la retrouve dans les Initiatives de Transition (Transition Towns). Quelles belles initiatives! Quelle énergie! Quel beau vent de changement au sein du climat social!
En tous cas, cette approche renouvelée de la simplicité volontaire me semble mille fois plus intéressante que celle qui a consisté, dans le passé, à me retrouver toute seule dans un 4 ½, assise devant mon garde-robe à me demander scrupuleusement quelles paires de souliers étaient de trop pour le look de l’appartement et pour le sort de la planète !
Je suis ravi de vous lire. Ma solitude n’a plus le même goût. Je suis solidaire et doucement, je sortirai offrir de mon temps moi aussi.
Vous êtes des ”éclaireurs” pour moi. Mon individualisme n’a qu’à mieux se tenir pour aller à la rencontre de vos lumières.
Merci beaucoup.
Très bonne réflexion Diane. Dans ce contexte de solutions communautaires, j’ai découvert, il y a quelques mois, le mouvement des Accorderies. Celui-ci comprend actuellement 10 groupes régionaux au Québec et est en plein développement.
Le concept est d’échanger des heures plutôt que de l’argent, à l’image des Services d’échange locaux (SEL). À Québec où je suis devenu membre, j’ai rejoint près de 900 personnes qui offrent et consomment une foule de services.
L’accordeur inscrit bénéficie de 15 heures de départ et peut immédiatement commencer à consommer. Il peut aussi offrir des services sur le site de l’Accorderie de sa région. La consultation de la liste des offres de services donne beaucoup d’idées qui peuvent rejoindre nos talents et capacités, ce qui facilite la recherche de services à offrir.
Ces activités d’échanges sans argent sont une façon exceptionnelle de consommer en s’appuyant sur sa communauté et tous les talents qui y foisonnent. Ce qu’il faut c’est du temps et de la bonne volonté.
Cette approche devrait être intégrée au mouvement “En transition” et correspond très bien avec ta nouvelle vision de la simplicité volontaire faisant appel à la communauté que tu propose.
Belle réflexion Diane.Avec une famille nous sommes au coeur du coopératif mais la tendance à l’individualiste et la consommation refont surface dans bien des subtilités.
Avec des enfants déficients qui sont adultes ,il faut jauger avec l’autonomie (Leurs chambres deviennent leurs appartements en quelque sorte avec Tv, jeux etc.Donc plusieurs TV dans la même maison) . Il faut faire les compromis qui ne briment pas leurs décisions aussi.Par contre il y a une seule auto, des lieux communs etc.
Faire le choix de vivre en groupe ensemble c’est aussi la simplicité collective avec des inconvénients et des plaisirs.
En fin de compte ce n’est pas une action qui a la valeur de nous rapprocherr de la simplicité mais le sens qui la porte comme ton texte le montre.
C`est vrai que nous avons beaucoup de ménage et de détachement matériel et de dépossession à faire pour que les gens en profitent.
Nous sommes beaucoup plus heureux ¸serein lorsque nous pouvons partager socialement.Rencontrer des gens qui nous font grandir¸améliorer humainement en apprécient les beautés de la nature que l`univers nous envoie à chaque instant
Nos ancêtres vivaient avec beaucoup moins et manquaient de rien pour leur survie.Alors nous avons beaucoup de misère à trouver le juste milieu¸c`est en travaillant sur nous même que nous allons faire des nouveaux choix de vie.
Excellent