Je me suis abonné il y a plusieurs mois à une alerte Google sur la simplicité volontaire : une fois par semaine, Google m’envoie un courriel contenant toutes les références que le moteur de recherche a identifiées à ce sujet sur la Toile (actualités, blogues et Internet). Cela réfère parfois à des choses bizarres ou comiques (surtout quand les mots simplicité et volontaire sont traités séparément), souvent à des choses anecdotiques, mais de manière quand même significative, cela permet de mesurer comment la notion de simplicité volontaire progresse constamment, au moins dans le monde francophone (mon alerte Google ne traite que le matériel francophone).
La simplicité volontaire étant tout autant une sorte de philosophie de vie qu’une série de comportements concrets, d’ailleurs variables à l’infini selon les individus et les contextes, il est évidemment très difficile de cerner avec précision la « progression » de l’idée dans les divers milieux et sociétés. Comme il est quasi impossible de déterminer qui est simplicitaire et qui ne l’est pas (ou pas tout à fait), cette progression ne peut donc pas être numérique ou quantitative. Et comme la définition même de la simplicité volontaire est multiple (voir la note 1 du chapitre 2 de L’ABC de la simplicité volontaire, pp.150-151), il est encore plus difficile de délimiter l’objet exact dont on veut mesurer la progression.
Mais une fois ces réserves méthodologiques reconnues, il est indéniable que l’idée de la simplicité volontaire continue de se répandre un peu partout, de manière « organique » et difficile à suivre à la trace, tout autant en raison du « bouche à oreille » que des évolutions sociales qui la rendent de plus en plus pertinente.
J’en veux pour preuve non seulement les nouveaux groupes qui se forment en Europe francophone (la Belgique semble particulièrement féconde à cet égard), mais aussi les nouveaux livres qui paraissent, les activités publiques qui s’organisent, les mentions qui se multiplient dans les médias et les nombreux blogues qui portent, entièrement ou non, sur cette question.
La simplicité volontaire est peu à peu entrée dans la culture ambiante, certes comme un courant encore minoritaire, mais de moins en moins marginal. Il y a 10 ans, on en parlait beaucoup dans les médias, souvent à tort et à travers, autant pour s’en amuser que pour récupérer cette « mode » à des fins publicitaires. De nos jours, l’effet de mode est passé mais l’idée a fait son petit bonhomme de chemin : elle est moins utilisée à toutes les sauces, son contenu est désormais mieux connu (y compris dans sa diversité), elle fait moins peur ou paraît moins extrémiste et surtout, de plus en plus de gens s’y réfèrent, tant pour s’en inspirer que pour s’en distinguer.
C’est le résultat du temps, certes, mais aussi du travail idéologique fait par des individus et par des groupes qui, patiemment et avec persévérance, diffusent les idées nouvelles de la simplicité volontaire, de l’empreinte écologique, des limites de la planète, de la décroissance nécessaire, des expériences possibles pour préparer la transition, etc.
Publier des livres, des bulletins, des journaux ou des blogues, donner des conférences dans les milieux les plus divers, répondre aux questions des médias, faire circuler des films ou des documentaires (sur le Web ou autrement), animer de petits cercles de rencontres ou de discussions, autant de moyens dont les résultats semblent souvent limités ou décevants, mais qui contribuent pourtant tous, chacun à sa manière et dans sa petite mesure, à ce travail idéologique indispensable pour la transformation progressive des mentalités.
Cette transformation nécessaire des « cultures », et les nombreux défis qu’elle pose, était justement le thème du Rapport annuel du Worldwatch Institute pour 2010, Transforming Cultures, From Consumerism to Sustainability (dont j’ai déjà parlé à quelques reprises), dont on peut suivre le blogue qui prolonge le travail du Rapport.
Et comme exemple tout récent de cet important travail de diffusion des idées (allez voir la vidéo), pas seulement comme utopie ou comme objectifs mais aussi dans leurs concrétisations quotidiennes possibles, je vous réfère au livre Guide du mieux vivre, La simplicité volontaire en pratique, publié par Christian La Grange et Benoi Lacroix aux Éditions de Terran.
Et vous, qu’en pensez-vous? Avez-vous aussi l’impression que la simplicité volontaire progresse dans nos sociétés (encore pour un temps) riches? Comment le voyez-vous?
À la semaine prochaine…
Je trouve difficile de répondre à ta question. Pour vivre plus près de la nature et de la simplicité, je suis déménagée de Montréal à St-Jérôme. Ce que je vois c’est deux extrêmes: la pauvreté involontaire et les nouveaux projets domiciliaires (grosse maison sur petit terrain). Au moins, à Montréal, il y a tout un monde entre les deux!
Ma réflexion sur le côté ”volontaire” de la simplicité m’a amené à penser qu’il faut être conscient du besoin de décroissance avec toutes les raisons qui amènent ce besoin. On en revient à ”Comment changer la simplicité ”involontaire” en simplicité ”volontaire”, et ma réponse est par l’éducation populaire pour conscientiser les gens. Je pense que c’est la conscience qui fait la différence (Ça ferait un beau slogan!).
Les plus conscients et simplicitaires que j’ai rencontrés dans les alentours sont souvent des artisans qui habitent un rang de campagne. C’est ma prochaine destination! Alors, il faut continuer à allumer des consciences.
Concernant les alertes Google, pour rechercher sur une expression donnée et ainsi éviter les résultats bizarres, il faut entrer la requête entre guillemets : « simplicité volontaire ». Elle renverra des pages contenant la chaîne de caractères « simplicité volontaire »!