Un texte trop engagé? Qu’en pensez-vous?

RefuséÇa ne m’est pas arrivé souvent.  Mais qu’importe, ça surprend toujours. Imaginez : on vient de me refuser, au Collège Mont-Saint-Louis, le court article (voir ci-dessous) qui m’avait été demandé par la mère d’une élève. Le texte devait être publié dans l’album des finissants, édition 2012-2013. Cette maman, qui a déjà fréquenté le Réseau québécois pour la simplicité volontaire et s’y est même engagée bénévolement pendant quelques années, voulait ainsi exprimer sa reconnaissance à la simplicité volontaire qui lui tient tellement à cœur. Elle voulait par là en faire cadeau à sa fille et aux autres jeunes de cet établissement.

Texte refusé par la Direction. « Texte trop engagé » m’a-t-on fait savoir. On m’a proposé de le réécrire en parlant de la simplicité volontaire, bien sûr, mais cette fois-ci, « de façon plus neutre ».

J’ai refusé sur-le-champ. Non, je ne vais pas niveler l’article vers le bas parce que la Direction de cette école accuse un important retard dans sa compréhension des enjeux planétaires. Retard également dans sa compréhension de l’éducation des jeunes qui, le plus souvent et le plus sainement du monde, sont à la recherche de sens, de ce qui peut engager pour toute la vie. Les jeunes veulent retrouver chez les adultes cette étincelle qui les guide.

*

Les questions de la vie…

 

Qui es-tu?

Que comptes-tu faire de ta vie?

Qui seras-tu dans quelques années?

Iras-tu travailler en vélo ou en auto?

Est-ce que l’amitié gagnera sur la compétition?

Sauras-tu gérer ton budget ou vivras-tu en esclave de tes caprices?

Quelles places occuperont l’environnement et la solidarité dans ta vie?

Vivras-tu stressé et compétitif ou selon les valeurs de la simplicité volontaire?

 

Nous vivons des temps exceptionnels! L’actualité regorge d’évènements annonciateurs d’un monde nouveau : mouvement des Indignés, bataille étudiante pour la gratuité scolaire, spectaculaires manifestations dans la foulée des « carrés rouges » du printemps 2012. On le voit bien : une vieille société est en train de s’écrouler tandis qu’une nouvelle est en train de naître. C’est maintenant très clair : nous ne voulons plus d’une société d’injustices, de gaspillages et de mensonges de toutes sortes. Nous ne nous laisserons plus entraîner par les plus riches et les plus puissants de ce monde vers la destruction de la Terre et des liens amicaux entre les habitants de cette belle planète bleue.

 Les bonnes nouvelles, il ne faut pas seulement les chercher sur Twitter ou Facebook. Les signes d’une vie meilleure et d’une société renouvelée, il faut aller les chercher au sein d’associations de toutes sortes, au sein de multiples cellules associatives où le sens fraternel, la générosité, la franchise et la démocratie règnent déjà. Tout cela se retrouve dans de toutes petites initiatives de la base, dans « le monde ordinaire », une coopérative de logements, une association de troc d’objets usagés, les rendez-vous hebdomadaires de jardinage, un atelier de réparation de vélos, etc.

 Le « monde ordinaire », c’est toi, c’est moi, c’est nous. C’est nous quand nous prenons le temps de nous asseoir ensemble pour inventer de nouvelles règles concernant le « vivre ensemble ». Une véritable révolution est en cours : démocratie directe, partages égalitaires, respect mutuel, générosité, créativité. L’espoir est palpable autour de nous mais il faut quand même prendre le temps de bien choisir où l’on veut s’impliquer socialement.

 Notre société a grandement besoin de vous, les finissants de la promotion 2013 du Collège Mont-Saint-Louis. Eh oui! Pendant vos études, au secondaire, vous avez beaucoup reçu. On vous a appris à vous exprimer clairement et à écouter d’autres points de vue que les vôtres. C’est merveilleux! Ces apprentissages pour aideront à donner le meilleur de vous-mêmes là où vous déciderez de vous investir, qu’il s’agisse de luttes sociales, d’alternatives à la consommation, de production artistique, etc.

 Et si vous choisissez une implication visant à faire connaître la simplicité volontaire autour de vous, les plus vieux d’entre nous vous accueilleront à bras ouverts!

Bienvenue au Réseau québécois pour la simplicité volontaire!

 Diane Gariépy, coordonnatrice

*

 Et vous, que pensez-vous de ce texte? Trop engagé? Pas assez…neutre??

 

 

 

9 réflexions sur “Un texte trop engagé? Qu’en pensez-vous?”

  1. Richard Trottier

    Bonjour Diane,

    Je ne vous connais pas, mais je tiens à vous féliciter pour cet excellent texte que les jeunes du Collège Mont-Saint-Louis auraient sûrement apprécié… eux.

  2. Michèle Drissen

    Voilà , je ne pourrais qu’apposer ma signature au bas du texte de Robert Béliveau . Non , pas trop engagé votre texte , un texte de réflexion . Un texte prêt à être entendu ..lu..par à peine 25% de la population . Moi aussi je m’en suis fait censurer un , pour le journal municipal, pas refusé , censuré de son introduction ..si bien qu’il n’avait plus de sens ! Ne nous décourageons pas , nous devons continuer .

  3. Dominique Boisvert

    Pour un bon exemple de ce que des jeunes d’une école secondaire québécoise peuvent se donner comme défi pour expérimenter concrètement la simplicité volontaire, je vous suggère d’aller lire l’article publié la semaine dernière dans l’hebdomadaire régional Hebdo Rive-Nord (http://www.hebdorivenord.com/Societe/Education/2013-03-21/article-3205044/La-simplicite-volontaire,-cest-payant-sur-le-plan-humain/1).

    C’est l’illustration d’une direction d’école contraire à celle qui a refusé le texte ci-dessus!

  4. Bonjour Diane,
    Je viens de découvrir votre site et j’en suis très heureuse!
    Alors Oui, votre texte est engagé et c’est tant mieux. À quoi bon écrire sinon?
    Je vis en France et ici on aurait bien besoin de plus de gens comme vous.
    Au plaisir de vous lire…

    Natacha

  5. DUREL Chantal

    Ce texte est parfait. Simplement, l’établissement a une longueur -voire plusieurs- de retard. Mais cela n’est pas étonnant. Ici, en France, je pense que la majorité des établissements scolaires auraient eu le même rejet. Surtout des établissements qui ne pensent qu’à “fabriquer” des élites destinées à alimenter notre société de consommation.

    Ce texte est une synthèse qu’il faudrait distiller au quotidien à nos jeunes générations, afin qu’elles entendent un autre discours.

  6. Kirsten Roess

    beau texte, effectivement engagé et ça me semble très bien comme ça
    les jeunes peuvent aussi entendre des choses vrais, de la part d’adultes engagés

  7. Félicitations Diane pour cet excellent texte. C’est engagé effectivement. Toutefois, personnellement c’est comme ça que je les aiment.
    Pourquoi pas faire suivre cet article aux médias en mentionnant que ça a été refusé par l’école?

  8. Moi aussi, il y a des choses qui ne m’arrivent pas souvent. Certaines choses, une en particulier : m’exprimer par écrit. J’ai plus d’aisance avec les paroles qui s’envolent que les écrits qui restent. Mais là, j’ai de la difficulté à résister à tapoter un peu sur le clavier.

    Réagir, s’indigner. On est devenu si complaisants, si “drabes”, si neutres, policés, si conventionnels. On a si peur de déranger le désordre ambiant, celui auquel on s’est habitué. Si peur de réfléchir. Si peur des reproches ou de perdre son poste. Ses privilèges. Si peur que nos opinions et prises de position interpellent ou “blessent” notre aimable clientèle.

    Et bien non. Justement, il faut s’exprimer ouvertement, librement. Fortement. Pour provoquer, pour éveiller au moins cette capacité de voir autrement, penser autrement, vivre autrement. Mieux.

    S’il y a un mot qui me revient et que j’aimerais voir placardé partout, c’est celui-ci : ASSEZ ! Assez, c’est d’abord un cri de colère. On en a ASSEZ de la compétition, du mensonge, de l’exploitation, du progrès technique, de la vitesse grand V, de l’avidité pour plus de Pouvoir, de Possessions, de Plaisirs, de Productivité, de Pognon (de Pilules) … Puis, ASSEZ sur un autre mode, celui de la satisfaction : oui on a assez de choses, de temps, d’amis. Assez comme un hymne au contentement, à la Joie, à la Paix, à l’harmonie. Assez comme prendre le temps de respirer, de s’arrêter, de s’étonner, s’émerveiller, célébrer la beauté. Célébrer la vie. La Belle Vie comme nous le disait si justement Serge Mongeau.

    Il faut cesser de se laisser museler par le conformisme et proposer d’autres chemins aux jeunes et aux moins jeunes. À tous ceux qui souhaitent le bonheur ici bas, ici, bas (plutôt que haut) et maintenant. Qui sont tannés d’attendre les lendemains qui chantent, la retraite dorée…

    Merci Diane d’être là et de chanter haut et fort cet hymne à la liberté. Liberté d’être, liberté de penser, liberté de s’exprimer. Puis, liberté ultime, celle d’aimer. De rire, danser, chanter, apprendre, échanger, grandir et aider. Mais d’abord, se libérer de ses peurs et contingences. Se libérer des économistes alarmistes et économies toxiques.

  9. Jacques Fournier

    Tu as bien fait de ne pas modifier ton texte, Diane ! A mon avis, il n’est pas “trop engagé”. C’est important de dire les choses clairement, face à certains acteurs à l’attitude souvent molle et apathique.

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