Sujet souvent débattu entre nous: faut-il, ou non, dire nos craintes face à l’avenir? Et comme certainEs d’entre nous ont des visions particulièrement sombres de ce qui nous attend, faut-il “crier aux loups” et annoncer le pire pour tenter de nous “réveiller” collectivement avant qu’il ne soit trop tard? Ou cette attitude catastrophiste entraîne-t-elle des réactions contraires en déprimant nos lecteurs ou auditeurs et en les incitant à “rentrer chez eux profiter du peu de temps qui nous reste”?
Que valent les “prophètes de malheurs” en termes de mobilisation sociale? Plusieurs amiEs me reprochaient encore récemment ma vision trop pessimiste à leur goût de ce qui nous attend à relativement court terme: des crises croissantes et multiformes, à la fois aux plans économique (voir mes textes du 29 janvier et du 15 févier 2011), politique, climatique, énergétique et très probablement alimentaire; avec les conséquences militaires et démographiques et migratoires (voir mes textes du 22 janvier et 8 mars 2011) qui en découleront. Rien de bien réjouissant à l’horizon!
Pendant longtemps, j’ai cru que ce seraient probablement mes petits-enfants ou, au pire, mes enfants dans leurs vieux jours qui connaîtraient ces problèmes graves et planétaires. Je pense maintenant que je risque de les voir de mon vivant, si je vieux assez vieux… Car chaque nouveau rapport des scientifiques du climat, par exemple, indique que le réchauffement climatique progresse encore plus vite que dans le pire des scénarios évoqués dans leur rapport précédent!
Mais plein de gens autour de moi “ne veulent pas le savoir”. Car vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête devient vite, pour la plupart, totalement insupportable. Non seulement c’est déprimant, mais “être conscient” ne change rien, en soi, à la situation. Et si on ajoute, avec raison à mon avis, qu’il est déjà trop tard pour pouvoir “éviter (complètement) le mur”, alors à quoi bon s’en faire? Aussi bien tirer le meilleur parti possible d’une situation à laquelle on ne peut plus changer grand chose…
Je ne partage pas ce point de vue… Je n’en dis pas plus pour l’instant, étant curieux de connaître VOTRE POINT DE VUE SUR LA QUESTION. Mais j’y reviendrai sûrement bientôt.
Un récent article du Devoir présentait une entrevue avec Harvey Mead, certainement un des environnementalistes qui s’est le plus impliqué, à toutes sortes de niveaux, depuis 40 ans au Québec: “Environnement et économie: l’échec des verts”(1). Allez le lire: ça vaut la peine!
Et j”aimerais bien savoir ce que vous en pensez. À vous la parole…
(1) Merci au Groupe de simplicité volontaire de Québec (GSVQ) d’avoir attiré notre attention sur ce texte.
Évidemment, les sociétés riches risquent de mieux résister aux différentes crises que les pays qui sont déjà aux prises avec des problèmes politiques et sociaux tellement aigus qu’une partie de leur population est déjà aux abois, affamée et sans soins médicaux, aux prises avec la guerre et autres calamités. J`ai bien peur que le peu de solidarité qui existe actuellement entre les sociétés riches et les pays en voie de développement fonde comme neige au soleil lorsque les bouleversements sociaux et climatiques à venir priveront les occidentaux de leur petit confort… Je comprends le découragement d`Harvey Mead. Il est difficile d’être prise au sérieux lorsqu`on tient un discours réaliste (qui est taxé de catastrophiste). Les gens sont habitués d`être “flattés dans le sens du poil“ alors qu`on cherche à leur vendre quelque chose plutôt que de réfléchir et de prendre des décisions découlant de ces réflexions.
Le sujet m’interpelle beaucoup, et je cherche de plus en plus la meilleure façon de faire. Il est impératif que la majorité soit sensibilisée et pour ça, elle doit être confrontée au faits. Sinon le déni devient une porte de sortie pour éviter les émotions négatives. Plus facile de ne pas entendre les faits, car ça permet d’éviter de se responsabiliser et de choisir le statu-quo sans culpabilité.
D’un autre côté, les faits sont si alarmants, que de les dire provoque des réactions, encore là, de déni. Plus facile de croire que le catastrophisme est erroné et dénigrer les porteurs de message, que de se confronter aux faits.
Alors quelle est la bonne attitude? D’abord, je crois, incarner soi-même le changement souhaité et vivre de façon cohérente avec notre vision. Alors, si questionné sur le pourquoi de nos actions, répondre simplement, sans moraliser, blâmer ou dramatiser. Dire les faits que l’on sait, sans s’étirer en longueur (à moins de tomber sur une personne réceptive et intéressée).
On a plus de chances d’inspirer ainsi (par l’exemple). Il reste que ceux qui savent ont, je pense, le devoir de sensibiliser.
Vraiment difficile comme situation. Dans les écoles EVB (Établissements verts Brundtland), on parle beaucoup d’environnement, mais aussi de démocratie, de solidarité et de paix puisque la situation mondiale et régionale ne s’améliorera que par cette voie. Moi aussi j’ai des périodes de pessimisme ou de réalisme selon l’interprétation et parfois devant les jeunes je ne sais plus si notre message n’est pas démoralisant. Nous avons eu un réseau EVB de réflexion sur cette question du message à livrer aux jeunes, pour ne pas les assommer. Comment parler d’avenir aux jeunes?»…
sous entendu «dans un monde qui se meurt» selon le texte écrit-en quelque part sur le sujet. Nous avons choisi d’omettre la dernière partie. Significatif!
Cependant je vois des réseaux de solidarité surgir : trocs, Accorderies, échanges, entraide et gestes environnementaux…À petite échelle certes mais tous ces gestes permettront à plusieurs de vivre mieux la crise …inévitable j’en suis convaincue.
La solidarité et la simplicité sont des lieux de ressourcement pour garder l’espoir au jour le jour. Il faut éduquer les jeunes à la solidarité et ce n’est pas simple dans un monde individualiste.
L’exemple reste je crois le meilleure chemin même s’il ne fait pas de bruit. Beaucoup d’exemples donneront plus de résultats. Invitons des jeunes à toutes les expériences possibles dans cette voie.
On reproche souvent aux environnementalistes d’être catastrophistes. En sonnant constamment l’alarme et en évoquant le pire, ils propageraient un message de « fin du monde » qui serait en bout du compte démobilisateur. En effet, prétendent les critiques, si notre monde est pour s’écrouler, à quoi bon faire des effort qui ne feraient au mieux que retarder une terrible et inéluctable échéance. Je crois qu’il ne faut pas sombrer dans le pessimisme, ni semer la crainte. Mais la gravité des problèmes environnementaux, sociaux et économiques qui s’annoncent nous impose de les considérer le plus sérieusement et le plus réalistement possible. Il faut dès maintenant travailler à changer nos façons de vivre, de consommer, redéfinir en profondeur nos économies. Il faut surtout amener le plus grand nombre possible de gens à entreprendre ces changements ; quelques « justes » ne suffiront pas à sauver le monde ! Pour les convaincre, faut-il recourir à la peur ? Je n’en suis pas sûr. Je crois encore que l’on peut convaincre au moyen d’arguments solides, de données valables et en proposant des solutions concrètes et réalisables. Nous devons être actifs, imaginatifs, dynamiques, inspirants. Oui, ce qui se dessine de plus en plus nettement pour les années à venir a de quoi nous inquiéter. Mais au lieu de s’affoler et de répandre la peur, nous devons agir rapidement, efficacement et le plus largement possible, devenir des agents de changements, en investissant les champs sociaux, économiques et politiques. Car à défaut d’agir dès maintenant, le catastrophisme finira par s’imposer, dans un avenir probablement plus rapproché que nous l’imaginons ; et alors, il sera malheureusement trop tard…
Etre catastrophiste est a long terme une… Castastrophe en soi. Si le Giec n’avait pas utilise cette technique (genre “genre origine antropique, sur a 90%”, Himalaya qui fond, etc) il n’y aurait pas eu une telle vague climato-sceptique.
Merci d’avoir partagé ce message cher Dominique et de nous relancer, nous interpeller. De mon côté, j’ai cru pendant un certain temps que c’était trop tard… en effet, en sombrant dans une période où j’ai côtoyé à ce qui ressemble à du désespoir ….pour la première fois dans ma vie…Moi qui est une personne très optimiste de nature, j’ai pris toute une débarque ! On est plus vulnérable lorsqu’on est une personne très sensible comme je le suis…. à ce qui se passe tout autour de nous… Mais là, depuis peu, avec du RECUL… avec beaucoup de courage, je me reconnecte avec l’ESSENTIEL, beaucoup de SIMPLICITÉ et de TEMPS … Tout en faisant beaucoup de changements dans ma vie qui vont dans le sens de mes valeurs; au lieu de perdre énormément d’énergie à me battre CONTRE plein de choses, d’être assomée et déprimée par tant d’informations et surtout de perdre le contact avec la réalité de la vie quotidienne (à force d’être trop dans le virtuel ou la bureaucratie par exemple…) J’ai alors décidé d’agir dans le sens de ce que je souhaite vraiment un pas à la fois et de rechercher les moyens à ma portée tout en cherchant avec d’autres personnes qui comme moi ont le goût de mettre tout de suite en PRATIQUE des valeurs de solidarité, autonomie, simplicité, auto-suffisance…pour être déjà dans l’action et RÉALISER ce que j’ai à faire pour vivre en pleine cohérence avec mes valeurs…. avec les autres qui le souhaitent aussi… parce que je sais qu’il y en a tout plein. Alors, je me dis, cesse d’attendre, d’espérer que ça change, de déprimer, de t’inquièter, d’être triste, d’être en colère, prend le ton plein pouvoir et vas-y … fais-le, là, maintenant… ! Crois en toi, tout en croyant en l’humanité qu’elle peut aussi, une personne à la fois, changer de cap et agir immédiatement. D’ailleurs, déjà il me semble constater qu’il y a de plus en plus de personnes qui le font et ça ne fait qu’augmenter de jour en jour… Embarquez-vous ?!….Moi oui! 🙂
En fait je commence sérieusement a paniquer et mon entourage fait un sérieux déni de ce qui nous pend au bout du nez…je ne crois pas que l’on puisse survivre a notre cupidité pour ne pas dire stupidité mais c’est politiquement incorrect de parler de surpopulation…ouf…j’ai mal pour mes enfants … Je n’espère pas les petits enfants car je ne veux pas qu’ils souffrent…pessimisme? Malheureusement je crois réalisme…
Je tout a fait d’accord avec vous. Le problème est imminent. Des gens proposent des solutions, un peu extrêmes ma foi, mais on ne les écoute pas. On reste sourd aux propositions parce qu’elles nous déplaisent et nous sort de notre confort. Le problème est la, la solution est a portée de main mais on ne l’applique pas parce qu’on refuse de changer et de changer nos habitudes.
Je partage totalement votre opinion. Moi aussi, on me trouve parfois trop alarmiste, alors je ne parle plus, malheureusement. Je ne suis pas très à l’aise avec les mots pour réussir à convaincre quelqu’un, mais je me dis que plus on en parlera, mieux sera la compréhension des gens. Il y en aura toujours qui seront fermés à ce sujet, qui portent des oeillères ou qui ne veulent rien savoir de ce qui se passe en dehors de leur petit nombril. En fait de compte, peut-être ne méritons-nous pas cette belle planète qui s’en portera fort mieux sans nous !